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Andrè Schuen et Daniel Heide offrent un très beau Schwanengesang de Schubert

Après La Belle Meunière, le tandem et revient dans le Schwanengesang de Schubert, pour le même label à l'étiquette jaune. Une version qui se pose d'emblée comme une référence pour notre époque.

En 2021, avec la Schöne Müllerin, notre confrère Pierre Degott avait relevé l'étonnante maturité artistique de ce jeune baryton, son raffinement et la beauté de sa voix. On retrouve ici toutes ses qualités formelles : un timbre pulpeux, des lignes de chants à la fois naturelles, souples et châtiées, et surtout une expressivité à la fois profonde et modeste. Pas de tentation vériste ou hyperdramatique, pas d'intellectualisme tourmenté, pas de préciosité : le chant et la poésie surgissent d'eux-mêmes, dans leur nudité et leur beauté simples. Le célébrissime Ständchen n'est ni tension désespérée vers un amour impossible, ni une prémonition d'un malheur inéluctable à venir. Il est tout au plus une introspection sans concession sur soi-même et sur la vanité du sentiment amoureux. Avec Aufenthalt et In der Ferne, le Winterreise intérieur continue, sans âpreté, sans déréliction, mais avec une résignation de toute beauté, pleine de dignité.

est exactement sur la même longueur d'onde. Discrètement brillant, parfois percutant, il ne recherche pas l'effet, mais le sens de chaque poème, et le trouve conjointement avec son chanteur. Lequel des deux chante le mieux dans Abschied ? Lequel porte le plus lourdement le globe dans Der Atlas avec les graves les plus sombres ? Lequel verse les larmes les plus amères et les plus secrètes dans Ihr Bild ? Impossible de faire la part des choses, tant leur interprétation est fusionnelle et juste. Doppelgänger va lui aussi au bout de la douleur, à la limite du cri et de la percussion, mais sans jamais se départir de la distinction qui habite toute cette interprétation.

Donc, encore une version à connaître ? Ah oui, et une grande version, authentique et assurant tous les équilibres. Le cycle, qui n'est somme toute qu'un cycle éditorial et non pas poétique, trouve ici une unité remarquable, et une justesse d'intention parfaite. Aurons-nous bientôt un Winterreise joué par ces deux artistes ? Tout laisse à penser qu'ils sont prêts pour cet Everest du Lied.

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