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Waves, espace et lumière avec Édith Canat de Chizy

Parmi les quatre pièces pour ensemble de ce l'album monographique Waves d', Outrenoir et Missing II sont des commandes de l' (EOC) et leur chef qu'ils gravent dans l'élan au côté de deux œuvres plus anciennes.

L'album est le fruit de la résidence de la compositrice auprès de l'EOC durant les trois saisons musicales de 2020 à 2022. Écrites à un an d'intervalle, Vagues se brisant contre le vent pour flûte et ensemble (2006) et Pluie, vapeur, vitesse (2007) empruntent leur titre aux toiles de William Turner (1775-1851), tissant des correspondances entre textures picturales et musicales. C'est le mouvement et son effervescence qui sont traduits dans Vagues se brisant contre le vent, concerto pour flûte et ensemble faisant la part belle au soliste (rayonnant ) au côté d'un ensemble instrumental qui en est l'écho, la résonance et le prolongement : fluidité d'une écriture qui privilégie les relais d'instruments et la ciselure du geste instrumental. allie virtuosité et beauté du son, épaulé par un ensemble dont on apprécie la finesse des équilibres.

Il n'y a pas de soliste dans Pluie,vapeur, vitesse pour six instruments mais une tendance aux mélodies de timbres qui valorisent les couleurs. L'écriture y est acérée et la polyphonie active d'où fusent ces courts motifs ascendants des bois ( et Christophe Lac), véritable signature sonore de la compositrice. Le courant passe au sein de l'ensemble avant que le mouvement ne se fige dans une coda aussi saisissante qu'énigmatique.

Dans Outrenoir pour alto et ensemble, la référence à Pierre Soulages (1919-2022) est explicite. S'inspirant du travail du plasticien, veut tirer du matériau sonore « la lumière secrète venue du noir ». Les finesses d'orchestration abondent dans cette écriture du timbre où le grain sombre de l'alto () est à l'œuvre autant que les fulgurances dans l'aigu de sa tessiture. La percussion est sollicitée pour traquer le reflet, tel ce trémolo du marimba flottant au-dessus des sonorités somptueuses du trombone (Marc Gadave) et du cor (Didier Muhleisen). Énergie du son et jouissance des couleurs participent de l'expression du mouvement dans l'interprétation très maîtrisée de et des musiciens de l'EOC.

Missing II (2020) est la version pour ensemble (adressée à l'EOC) du second concerto pour violon et orchestre d' qu'elle grave en 2019 sous le label Solstice. Dans une partition très aventurière où la compositrice dit vouloir « dilater l'espace », se lit une pensée électronique qui fonde aujourd'hui son écriture. La version pour ensemble en détaille toutes les facettes avec plus d'immédiateté encore et met en valeur le tracé vertigineux de la partie soliste (prodigieux ) dont les aigus stratosphériques rejoignent la pureté des sons de synthèse. Mouvement et lumière sont conjugués au prix d'un artisanat méticuleux – brouillage des hauteurs, fragilité des harmoniques, flautando, etc.) pour atteindre cet « ailleurs du son » que la compositrice appelle de ses vœux. L'EOC est conduit de main de maître par dont la lecture magistrale élève cette partition au rang de chef-d'œuvre.

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