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Les découvertes des Rencontres chorégraphiques de Seine-Saint-Denis

Une nouvelle soirée de découvertes à la Dynamo de Banlieues bleues, dans le cadre des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis. Au programme : création sonore et sportive, performance finlandaise et solo dans la nature.

a fréquenté pendant plusieurs mois les basketteuses d'Aubervilliers avenir basketball et a recueilli des sons qu'elle a mis en regard avec les voix, notamment, de la chorégraphe Liz Santoro pour une création sonore inédite. Créé dans le cadre de l'Olympiade culturelle 2024, Mot pour mot est une bande-son impressionnante et presque abstraite sur le mouvement de ces sportives de haut niveau, dont on constate avec malice la proximité avec les mots de la danse.

L'expérience d'écoute collective qui nous est proposée dans le cadre des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine Saint-Denis, assis sur des transats ou des coussins, rend ces paroles et ces mots vivants et sensibles, sans que la narration ne soit très lisible. Un moment de communion très intense avec ces jeunes sportives en lutte actuellement contre la Fédération Française de basket.

Changement d'univers avec la proposition de , plasticienne finlandaise invitée pour la première fois en France, et qui expose en ce moment ses œuvres textiles à l'Institut finlandais à Paris. Entre Beckett et Laurel et Hardy, les deux interprètes de cette performance déclinent en duo toutes les nuances de l'absurde dans la performance Tap & Pat. La mine renfrognée, le visage grimé de blanc, la performeuse Leila Kourkia utilise les objets du quotidien (une poubelle en fer blanc, une gaine d'aération, de la ficelle, des spaghettis) pour valoriser l'artisanat et pimenter un duo étonnant sur une musique électronique de Gil Schneider.

Pour clôturer la soirée, le chorégraphe et danseur brésilien a choisi le jardin de La Dynamo pour un solo in situ à la lisière du sous-bois. « Être un citoyen urbain en Occident, c'est exister violemment, conscient ou inconscient », dit-il. La vie n'est pas utile ou c'est comme ça est le titre de cette conférence dansée à mi-chemin entre « myself » et « ma selva » pour « forêt » ou « jungle » en portugais. Sur un terrain légèrement recouvert de terre meuble et bordé d'arbres, le danseur discourt sur notre lien avec la nature et notre combustion accélérée de la planète. Raccordé au vivant, le danseur dresse une anthropologie du rapport de toute-puissance des hommes au monde. Grand, le danseur parcourt cet espace végétal comme un chamane dont ce serait le temple. Sa danse, furieuse et dégingandée, suit un cours contradictoire avec le sérieux apocalyptique du récit. Revenant à l'état de ver de terre, il nous ramène à notre statut de mortel.

Le sport qui rebondit, l'art qui tisse et le vivant qui se défile forment le sel de cette soirée de petites formes et de performances très originales.

Crédits photographiques : © Vernerstrouven Rhok

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