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Bintou Dembélé fait l’ouverture du Festival d’Avignon avec G.R.O.O.V.E.

Le spectacle d'ouverture du Festival d'Avignon se mérite ! Précédé d'une longue déambulation faiblement conceptuelle, G.R.O.O.V.E., la création de inspiré des Indes galantes s'achève avec éclat sur la scène de l'Opéra d'Avignon.


Invité à venir sans sac et à se munir d'un bracelet de papier couleur, le spectateur s'efforce de tuer le temps, en attendant longuement le début de G.R.O.O.V.E. de . Sous le soleil encore haut de l'été avignonnais, ils sont rassemblés autour de la fontaine sans eau de la place du Petit Palais. arrive enfin pour un solo lent et martial, accompagné de la voix de Celia Kameni. On a connu Bintou danseuse énergique et insatiable chez José Montalvo. Devenue chorégraphe, elle a créé pour la séquence dansée des Sauvages dans Les Indes galantes pour un film commandé par la Troisième scène, puis mis en scène sur la scène de l'Opéra Bastille. Une réussite sur laquelle elle s'appuie pour concevoir cette proposition artistique. Elle et ses danseurs se sont éclipsés de la place du Petit Palais rejoindre les espaces climatisés et sombres de l'Opéra d'Avignon, pendant que les spectateurs restaient entendre les mots de personnalités invitées faisant écho au drame de Nanterre.

Puis, les spectateurs ont retraversé la place pour rejoindre l'Opéra à leur tour, et se distribuer dans trois groupes selon la couleur de leur bracelet : bleu, jaune, rose. Certains ont d'abord rejoint les coulisses de l'Opéra, derrière le rideau de fer, pour une danse silencieuse autour de bâtons de lumière et d'une saisissante figure de pendu. De la scène à la salle, il n'y a qu'un pas qu'il a fallu franchir pour s'asseoir sur les fauteuils de l'opéra Grand Avignon afin d'assister munis de casques audio, à un film sur les origines des danses de rue, dont une partie était consacrée à la recherche d'une danse du sud de l'Inde dans la communauté tamoule, le Teru Kuthu, conçu par le danseur également assistant de la chorégraphe. La dernière étape de la déambulation se déroulait dans le foyer pour un concert de lapsteel, guitare électrique et voix avec une intervention minimale des danseurs.

C'est après deux heures de cette déambulation insuffisamment dansée, inégale et pleine de temps morts que le public est enfin réuni dans la belle salle de l'Opéra d'Avignon pour un véritable spectacle, chorégraphie « augmentée » de celle des Indes Galantes de Rameau proposée à l'Opéra de Paris et dont l'aventure avait été retracée dans le film documentaire de Philippe Béziat. L'écrin du théâtre à l'italienne permet même quelques trouvailles scénographiques, comme ces bâtons de lumière accrochés aux balcons, ces couvertures de survie dorée dont se drapent les danseurs ou l'utilisation magique des cintres pour des lumières audacieuses et spectaculaires. Sur scène, l'énergie des danseurs est intacte, la proximité en plus, quelques Krumper locaux servant de figurants pour reconstituer la célèbre et magnétique danse des Sauvages. Ici, Bintou Dembélé retrouve la flamboyance et la précision de l'écriture chorégraphique qui a fait le succès de cette séquence tant en film que sur la scène de l'Opéra Bastille et emporte tout sur son passage.

Un spectacle à revoir dans une autre configuration au Centre Pompidou à Paris et à Anthéa – Antibes en octobre 2023, avant de nouvelles dates dans le sud à l'été 2024.

Crédits photographiques : G.R.O.O.V.E. De Bintou Dembélé – © Christophe Raynaud de Lage 

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