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La radicalité intacte du Good Boy d’Alain Buffard aux Inaccoutumés

Dix ans après la mort d', la Ménagerie de Verre reprogramme son solo, Good Boy, créé en janvier 1998, manifeste des années Sida. À l'époque, comme l'écrivait le philosophe Alain Ménil, il s'agissait de « vivre avec ».

C'est le corps émacié d', danseur phare de la scène contemporaine, des années 80 et 90, que l'on revoit à travers celui de qui reprend ici le rôle transmis par et remonté pour la première fois en 2017 au Centre national de la danse, puis en 2023 à la Ménagerie de Verre, dix ans après la mort de son créateur et interprète.

Une masculinité à nu, d'abord corps résistant et presque supplicié, puis corps luttant contre la maladie avec des armes dont il fait des trophées : slips kangourou enfilés les uns sur les autres ; boîtes de Retrovir, le premier antirétroviral utilisé dans le traitement du VIH, en guise de talons hauts, ou des petites lampes tempête que le danseur allume et éteint tout seul.

Avec ce solo, écrit en réaction à une féroce volonté de vivre et de créer encore, visait une économie de moyens, pour retrouver l'autonomie du corps. Comme le dit Mathieu Doze dans le film de Marie-Hélène Rebois projeté avant et après les représentations, « Good Boy tient dans une valise ».

Est-il possible de recevoir aujourd'hui la radicalité de ce solo de la même manière que ceux qui traversèrent la tempête Sida d'une façon ou d'une autre ? Beaucoup des jeunes spectateurs présents à l'une des représentations semblaient indifférents ou – tout du moins – insensibles à la charge émotionnelle liée à l'épidémie qui décima et marqua durablement toute une génération.

Crédits photographiques : © Marc Dommage (Mathieu Doze dans Good Boy en 2017 au CND)

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