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Katerina Andreou mêle mots et maux dans une performance très physique

Fidèle au Centre Pompidou, y revient dans le cadre du Festival d'Automne à Paris avec Mourn Baby Mourn, une nouvelle pièce en solo née à la suite du confinement.

Mourn Baby Mourn est la cinquième création de la jeune chorégraphe d'origine grecque qui s'est fait connaître en 2016 en remportant le prix Jardin d'Europe au festival ImpulsTanz. Après une incursion en duo, revient au solo dans un décor de chantier qui n'est pas sans rappeler le ring de son spectacle BSTRD. Ici, l'espace de la scène (où sont dispersés des parpaings blancs autour d'un mur en construction) est marqué au sol par des néons. arrive sur scène sans musique et commence à entasser les blocs de pierres avec l'énergie qui la caractérise, jusqu'à créer un mur sur lequel est projeté un texte.

Car, une fois n'est pas coutume, c'est le texte qui est à l'origine de cette création, au point d'en devenir l'élément central. L'œil est sans cesse attiré par les phrases ou les questions projetées, comme un monologue intérieur de la chorégraphe sur le sens de la vie, l'ordre du monde, etc. Comme ses gestes saccadés, répétitifs, désordonnés, les mots reflètent l'état de confusion de la créatrice qui semble tourner en boucle, et parfois faire du sur place malgré quelques fulgurances. « J'ai perdu le feeling du récit » voit-on s'inscrire sur le mur en construction comme un écho à ce qui se passe sur scène.

La bande son, concoctée avec , semble électriser Katerina Andreou qui donne l'impression de ne pas savoir comment canaliser son énergie, au point de courir plusieurs fois d'un bout à l'autre de la scène. Les états négatifs s'entrechoquent mais laissent passer la lumière, l'espoir. La pièce s'achève sur un long passage durant lequel la chorégraphe, perchée sur son mur sur lequel est projeté un soleil couchant, joue du synthétiseur. Le morceau est doux, comme une longue lamentation qui sonne comme un apaisement après la fureur. Andréou n'a rien perdu de la radicalité de ses débuts et livre une performance encore une fois très physique. Ses mots apportent toutefois une certaine profondeur et un décalage humoristique bienvenu.

Crédit photographique : © Hélène Robert

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