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Mosaïques, la flûte à bec sensible de Marine Sablonnière

Un programme qui va du Moyen Âge au XXe siècle pour un premier disque en solo de .

Professeur expérimentée au CRR de Marseille, présente sur la scène comme membre de plusieurs ensembles, a fait pour son premier disque des choix très personnels en mêlant des classiques de la flûte à bec et des propositions plus originales. Parmi celles-ci, des chants juifs séfarades et des danses traditionnelles d'Israël et de Bulgarie ouvrent l'album, qui se termine avec une belle chanson irlandaise toute en mélancolie. Lui fait écho un Behran asi de Peter Deneuv (ou Deunov), tout comme répondent aux variations de issues du Fluyten Lusthof, le Daphnoé de et la Toccata, berceuse pour un colibri du regretté .

On admire l'attention portée au souffle et au rendu d'un son vivant et sensible, mais l'agilité et la virtuosité de font également merveille chez Van Eyck et chez les contemporains (les deux minutes de volutes effrénées de la pièce de Zanhausen sont ainsi véritablement envoûtantes). À tout moment se manifestent un enthousiasme et un souci d'expressivité digne des plus grands interprètes. Les deux œuvres des Bach père et fils (Carl Philipp Emanuel), la Partita en la mineur BWV 1013 et la Sonate en la mineur Wq 132, bénéficient de ces qualités. Marine Sablonnière en donne une version solide, sans esbroufe, riche en liaisons, mais sans révérence excessive. Est en particulier appréciable le choix d'une flûte de voix en pour la partita, permettant de l'entendre dans sa tonalité d'origine pour traverso. Chez Carl Philipp Emanuel, les aigus sont redoutables à la flûte à bec, mais Marine Sablonnière joue avec une réelle impression de facilité.

Ce disque est également l'occasion d'entendre des instruments variés, pas moins de sept différents. À côté de l'étonnante reconstitution de flûte double par Bob Marvin pour Retrowange novelle de Jacques de Cambrai, ce sont des modèles baroques de différentes tailles qui sont utilisés. Chacun a ses qualités, mais avouons un faible pour le son singulier de l'alto modèle Rippert de Francesco Li Virghi utilisé pour la Sonate du Bach de Berlin.

Pour en savoir plus sur les œuvres choisies, un véritable livret aurait été apprécié. Mais l'écoute du disque procure déjà de profondes satisfactions.

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