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Blessed Echoes, la fresque de chansons élisabéthaines avec luth de Robin Pharo

Second opus discographique de l' dirigé par , le disque Blesses Echoes se veut une « grande fresque du répertoire de chansons élisabéthaines » rendant hommage à une grande tradition musicale anglaise du XVIe siècle : The Lute Song.

A l'inverse de son titre, « Blessed Echoes » (Échos Bénis), faisant référence au poème de Robert Hones, If in this flesh, interprété par les huit musiciens du jeune , les chansons élisabéthaines et jacobéennes qui composent ce nouveau disque viennent toutes d'un monde profane populaire (la classe nouvelle des bourgeois au XVIe siècle organisant régulièrement des réunions musicales de qualité) malgré la complexité du langage musical choisi par les compositeurs-auteurs de ces Lute Songs.

La période élisabéthaine et jacobéenne est en effet marquée par un renversement des rapports entre musique sacrée et musique profane au bénéfice de cette dernière, même si la musique sacrée ne fait pas figure de parent pauvre. De ses caractéristiques, on reconnait dans cette sélection de pièces l'intérêt manifeste d'une poésie de grande qualité et des formes instrumentales qui lui sont propres, à l'instar du luth Renaissance et du cistre de , du virginal italien de et des violes de gambe de et . Les parties de violes sont d'ailleurs la réduction d'un contre-point à quatre voix (qui jamais ne double la partie chantée de cantus) plutôt qu'une basse continue.

A l'inverse de son titre, et malgré l'argumentaire du directeur musical de l'ensemble, , dans une notice d'accompagnement particulièrement fournie expliquant la genèse et la démarche artistique du projet, cette interprétation ne se limite pas à un simple écho du passé que recherche souvent tout artiste spécialiste des musiques anciennes sur instruments d'époque.

L'image sur la pochette de cet enfant accompagné par sa grand-mère est plus représentative du travail d'écriture de Robin Pharo qui est, lui, guidé par les recueils de pièces de (1577-1617), (c.1580-1648) et Tobias Hume (c.1569-1645). En effet, le musicien du XXIe siècle choisit de se conformer aux spécificités des compositions de la Renaissance anglaise tout en apportant sa propre originalité : l'insertion d'une « expérience organologique » de la lyra-viol consistant à accorder les deux instruments un ton au-dessus du luth et du virginal dans toutes les transcriptions réalisées dans ce programme, pour des pièces souvent faisant l'objet d'une découverte pour l'auditeur d'aujourd'hui, bien loin de l'écho que Robin Pharo rapproche quant à lui de la transmission.

A l'écoute, avec une prise de son particulièrement qualitative, l'instrumentarium dégage une sonorité riche et enveloppante. La prosodie des notes fusionne avec celle des voix pour faire émerger des sensations voluptueuses, une atmosphère suave et des intentions renouvelées pour célébrer une qualité littéraire des textes particulièrement à l'honneur.

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