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Hymnes à Vénus sous le règne de Louis XV, par Marie Perbost

Dans un programme consacré à des compositeurs d'opéra du XVIIIᵉ siècle, , et l'Opéra Royal de Versailles nous régalent de divers hommages à Vénus. Comédie, tragédie et pastiche font bon ménage dans un florilège habilement conçu, servi par des interprètes aussi talentueux que polyvalents. De belles découvertes côtoient quelques grands classiques du répertoire.

Un programme thématique comme on les aime ! Consacré à des compositeurs connus ou moins connus ayant œuvré sous le règne de Louis XV, ce CD fait l'éloge de la déesse de la sensualité, grande ordonnatrice des plaisirs sur l'échiquier du Tendre. Directement apostrophée dans le « Cruelle mère des amours » de la Phèdre d'Hippolyte et Aricie ou le chœur « Vénus, ô Vénus » de Castor et Pollux, ouvertement mise en scène dans les Fêtes de Paphos de Mondonville où elle s'acharne sur la nymphe Psyché, ou implicitement présente dans les diverses plaintes, lamentations ou imprécations de personnages soumis aux affres de l'Amour, Vénus est omniprésente dans ce répertoire tournant autour de la moitié du XVIIIᵉ siècle. Qu'il soit dévidé sur le ton de la tragédie, de la comédie ou du tendre sentiment de l'opéra-comique d'un – délicieux extrait des Moissonneurs de 1763 – le fil conducteur convainc tout au long d'un programme qui fait alterner quelques grands classiques de Rameau avec des pièces inconnues du répertoire, dont certaines sont vraisemblablement enregistrées en première mondiale. Si Mondonville sort du purgatoire où il a longtemps été confiné, on a hâte d'entendre davantage d'ouvrages des deux François, Rebel et Francœur, ainsi que de . semble faire ici ses grands débuts discographiques, on en redemande !

Chanteuse à la diction impeccable, capable des plus belles vocalises et dotée d'un instrument lyrique léger dépourvu des acidités souvent associées aux sopranos colorature, montre ses accointances avec ce répertoire. Elle en a la délicieuse préciosité, sans pour autant tomber dans les excès que l'on pourrait craindre. Sa Folie de Platée, à la fois mesurée et parfaitement déjantée, est une illustration particulièrement pertinente. On aime aussi la direction furieusement imaginative de , qui à la tête du Chœur et de l'Orchestre de l'Opéra Royal trouve dans l'orchestration des compositeurs au programme des couleurs d'une rare richesse. On espère que ces interprètes inspirés sauront nous donner les intégrales que l'on appelle de nos vœux.

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