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Entropic Now : portrait dansé d’une génération par Christophe Haleb

Montré au Théâtre national de la danse de Chaillot. Entropic Now est à la fois une ambitieuse exposition vidéo, conçue par le chorégraphe , et une performance intense et sensible avec et autour des jeunes. Une génération loin d'être perdue.


Ils viennent de Senlis, de Cergy, de Marseille, de Fort-de-France, de Saint-Denis, d'Amiens, d'Uzès, de Valence, d'Etiolles, de Paris, de Lyon… près d'une centaine de lycéens et étudiants ont participé à ce vaste projet chorégraphique et documentaire orchestré par . Le résultat de plusieurs mois de rencontres avec ces jeunes, dans leur environnement quotidien, qu'il soit urbain ou en pleine nature, a donné naissance à des films vidéo projetés simultanément sur des écrans multiples installés ou pendus dans la salle Gémier du Théâtre national de la danse de Chaillot, débarrassée de son gradin.

Ces interviews, paroles libres de jeunes de 17 à 23 ans, et surtout ces moments de danse captés sur l'esplanade de la BnF, dans le jardin d'un lycée hôtelier, sur la dalle d'une cité ou sur le toit d'un immeuble, forment un kaléidoscope sensible d'une génération désenchantée, mais pas encore tout à fait perdue. Si certains disent refuser la compétition, préférant l'égalité, d'autres ont envie de se battre pour le climat, la justice, la place des femmes. Plus tout à fait des enfants, mais pas encore des adultes, ces jeunes font part de leurs doutes, de leurs failles et de leurs espoirs.

Pendant ces trois journées d'exposition au Théâtre de Chaillot, a souhaité « activer le dispositif » en conviant certains des jeunes ayant participé aux tournages, mais aussi de jeunes danseurs franciliens et quelques circassiens supplémentaires, à une performance live. Ces jeunes déambulent entre les spectateurs debout, se hissent sur un mat ou une corde, esquissent une pyramide sur un praticable et reconstituent en silence des groupes puissants, festifs ou combatifs.

C'est un valeureux projet et il est très émouvant de voir les corps, les visages et d'entendre les mots de ces jeunes sur les écrans. La dimension plasticienne du projet est sans doute plus évidente que sa dimension chorégraphique, faute de véritable fil conducteur ou de dramaturgie. Les films mis bout à bout forment un corpus documentaire exceptionnel, dont un sociologue pourrait se saisir. Il serait aussi intéressant d'en faire une version plus ramassée, sélectionnant les moments les plus forts ou les plus doux, réalisant ainsi le film « portrait » d'une génération, à diffuser plus largement qu'entre les murs de la salle Gémier.

Crédits photographiques : © Alain Trompette ; © Romain Tissot

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