Chaque année à cette période, de nombreux ensembles de musique ancienne consacrent leur enregistrement à Noël. L'ensemble de Katharina Bäuml, Capella de la Torre, se plie à l'exercice avec un programme varié et une interprétation sobre au service d'un répertoire populaire agréable.
Avec ce disque sobrement intitulé « Capriccio Pastorale », nous voilà propulsé dans l'Italie des années 1500 où les paysages sonores contrastent dans des styles très différents. Naturellement, laude populaire, un chant de louange caractéristique du chant sacré en langue vernaculaire à l'époque en Italie, y a toute sa place, avec notamment un premier enregistrement mondial de la Lauda : Ditene'o pastori de Giovanni Animuccia (c. 1514-1571), extrait d'Il secondo libro delle laude spirituali. Se mêlent également la musique traditionnelle chantée comme instrumentale, ou encore les pièces caractéristiques de la messe ordinaire. Mais qu'elles soient populaires ou liturgiques, en latin ou en italien, solennelles ou entraînantes, le thème de toutes ces pièces est celui du message de Noël et de la nativité du Christ, démontrant ainsi que durant la Renaissance italienne, la différence entre le spirituel et le profane n'était pas si marquée.
La volonté de La Capella de la Torre est de relier cette musique au présent, par l'émotion qu'elle suscite avant toute chose. Même si cet objectif reste assez convenu, il faut bien avouer que la programmation musicale de cet enregistrement est agréable à l'oreille, qu'elle soit avertie ou novice, la sobriété divine d'une voix a capella et d'un bourdon (Missa de Sancta Maria a nativitate Domini usque ad purificationem d'Heinrich Isaac, un autre premier enregistrement mondial) côtoyant les percussions typiques et le rythme enlevé des musiques populaires de Noël (Levate su pastori de Giovanni Animuccia). La flûte joyeuse de l'Angelus ad virginem marque par sa douce légèreté, alors que les motifs répétitifs langoureux du Capriccio Pastorale de Girolamo Frescobaldi s'exaltent, et que le mystère se déploie grâce aux percussions de Tu scendi dalle stelle.
Initialement ensemble à vents lors de sa création en 2005, la variété de l'instrumentation actuelle de la Capella de la Torre avec théorbes, orgue et percussions permet de renouveler l'écoute, sa sobriété offrant la possibilité d'autant chantonner en direct les mélodies « faciles » (l'air de Lauda : Venite adoriamo doublé à la flûte), que de taper du pied sur un Nell' apparir del sempiterno sole (de Francesco Soto de Langa) entraînant, ou de rêvasser face à la sérénité d'È nato il grand'Iddio de Giovanni Animuccia. Sur ce point, les contrastes d'un Noël musical, sous-titre du disque, sont bien évidents.
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