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Redécouverte de Fritz Stüssi, compositeur suisse romantique

Espérons que pour le centenaire de sa disparition, cet enregistrement permettra à de se réapproprier la place de choix qu'il mérite au sein du courant romantique suisse et bien au-delà.

C'est à Zurich que nait et meurt inopinément à l'âge de 49 ans. Là, il reçoit sa formation musicale et devient pianiste et compositeur avant de se perfectionner à l'Académie royale de musique de Berlin, en particulier auprès de pour la composition. Il dirigera plusieurs chœurs de la région de Wädenswil, officiera comme organiste et bénéficiera d'une réputation locale certaine. Pianiste, il dirige également l'Orchestre académique de Zurich et enseigne en tant que maître de conférences. Disparu prématurément il laisse un catalogue riche d'environ 130 partitions où domine la voix (oratorios, cantates, motets et chansons). Son œuvre presque totalement oubliée est redécouverte très récemment grâce à certains de ses descendants.

Les musiciens impliqués dans cette remarquable découverte créent une surprise qui, nous l'espérons, prophétisera le retour justifié à nos oreilles contemporaines d'un compositeur digne du plus grand intérêt. L'ardeur, la précision et l'engagement des solistes vocaux de l'Académie de chant de Zurich et des instrumentistes de la Philharmonie de chambre de cette même ville, tous placés sous la direction aussi inspirée et musicalement irréprochable de , expliquent et justifient notre engouement. Paré de tant de nuances délicates et d'un tel raffinement ce programme légitimera à n'en point douter l'adhésion des amateurs de la voix humaine en faveur de Stüssi.

Comment classifier l'esthétique de Stüssi à l'écoute de ce programme comprenant entre autres des pages impressionnantes de l'oratorio Vergehen und Auferstehen (Mourir et ressusciter) pour solistes, chœur et orchestre de 1914 (32 minutes), puissant et ondoyant, d'un Psaume 28 pour soprano, alto, ténor, basse, orgue et chœur (1921) de toute beauté avec ses intonations panachées, des Zwei Motetten consistants et assurés ? La foi religieuse accompagne et enrichit manifestement ces pièces dont le style oscille entre un romantisme assumé (on pense aux traces patentes du Requiem allemand de Brahms) mais également à la présence indiscutable de l'héritage du grand Bach et de l'époque baroque. Ces sources ne manquèrent pas alors d'étonner ou de paraître suspectes comparées à la modernité dominante du premier XXᵉ siècle (Schoenberg, Stravinsky, Ravel, Debussy, Bartók…).

La musique lumineuse, habitée et sincère de trouve avec cet enregistrement une réalisation distinguée et émérite. On regrettera seulement l'absence de traduction des textes uniquement chantés en allemand.

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