Atmosphère nocturne pour Le quatrième pas se fait dans la nuit, le trio féminin, angoissant et vénéneux que signe Anne-Sophie Lancelin au Théâtre du Garde-chasse, aux Lilas.
Les trois vestales arachnides d'Anne-Sophie Lancelin dans Le quatrième pas se fait dans la nuit ont choisi pour s'exprimer une danse organique. Regard tourné vers le sol, corps recroquevillés, les trois femmes dansent souplement en jetant les bras vers le ciel. Danseuse, mais aussi musicienne et poète, Anne-Sophie Lancelin a d'abord eu un long parcours d'interprète, chez Thomas Lebrun, Josef Nadj ou Nacera Belaza, avant de devenir chorégraphe en 2020.
Pour cette nouvelle création, elle s'est entourée d'un compositeur, Lucas Fagin, dont la musique anxiogène donne sa tonalité nocturne à la pièce et de la plasticienne Nina-Flore Hernandez. En fond de scène, mais aussi au sol, une photo en négatif, reproduisant une tête renversée, joue les pythies.
Une sorte de fatalité semble en effet tomber sur ces trois corps. La virtuosité des interprètes, Aurélie Berland, Anne-Sophie Lancelin et Carole Quettier, qui semblent comme trois sœurs, est fascinante, comme dans les pièces de Sharon Eyal. Cependant, leurs visages de pleureuses, tristes et sérieux, voire appliqués, ne parviennent pas à insuffler suffisamment de légèreté à la pièce. C'est beau, mais vraiment sombre, et cette atmosphère crépusculaire entraîne rapidement le spectateur vers l'abime.