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Philippe Herreweghe imparfaitement en phase avec Schumann dans les Symphonies n° 1 et 3

Les Symphonies dites « Le Printemps » et « Rhénane » de Robert Schuman appartiennent au meilleur de sa production orchestrale. La présente lecture pilotée par Philippe Herreweghe a éveillé en nous des sentiments mitigés.

Deux symphonies de : la n° 1 dite « Printemps » op.38, créée à Leipzig en mars 1841 et la n° 3 op.97 sous-titrée « Rhénane », composée en 1850 et donnée à Düsseldorf en février 1851, constituent théoriquement un robuste et somptueux programme. Maintes fois enregistrées, ces chefs-d'œuvre exigent une vision bien circonscrite de l'esthétique orchestrale de Schumann. Face à une discographie d'une richesse inouïe la présente livraison déçoit sensiblement, alors que les Symphonies n° 2 et 4 enregistrées par la même baguette et la même formation étaient déjà à moitié convaincantes. L'Orchestre symphonique d'Anvers est pourtant une phalange de très bonne qualité comme le confirment quelques récents enregistrements. Ses pupitres théoriquement aguerris (qu'il suffise de réécouter deux gravures d'œuvres de Giya Kancheli pour s'en persuader) ne déméritent pas mais semblent par trop relâchés et frêles du fait d'une direction défaillante, insuffisamment engagée, comme s'il fallait gommer toute trace, ou presque, des traits romantiques si caractéristiques du compositeur allemand.

Ce défaut de volonté et de véracité, à mettre au compte d'Herreweghe, ne rend pas hommage à l'âme schumannienne bouillonnante, exaltée, passionnée et intensément lyrique. L'Andante un poco maestoso initial et le Larghetto du second mouvement de la Symphonie n° 1 pâtissent davantage de ce déficit que le Scherzo et l'Allegro final plus enjoués, moins introspectifs et poétiques. On trouvera la bonne mesure dans la gravure de à la tête de la Staatskapelle de Dresde (EMI, 1972).

Les mêmes défauts se retrouvent avec la Symphonie n° 3, notamment une certaine raideur et un abord excessivement prosaïque dans le merveilleux deuxième mouvement Scherzo. Les trois mouvements suivants Nicht schnell (Andante), Feierlich (Maestoso) et Lebhaft  (Vivace) manifestent davantage d'entrain sans atteindre la réussite de avec l'Orchestre symphonique de la Radio de Stuttgart (Capriccio, 1985) où la flamme romantique irradie merveilleusement la « Rhénane ».

Qu'il nous soit permis, sans volonté d'exhaustivité, de rappeler au sommet de la discographie, les réussites incontestables de (n° 1) avec l'Orchestre symphonique de Boston (1959) et de Rafael Kubelik (n° 3) face au Philharmonique de Berlin (DG, 2010). Ce dernier orchestre magnifie également cette Troisième Symphonie sous la baguette de en 1953 (DG).

Au total, une interprétation correcte certes, mais restant très en deçà de ce que l'on était en droit d'espérer.

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