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Jeanne Leleu, une consécration éclatante

Nouveauté sans concurrence pour un premier volume consacré à la musique de chambre et aux mélodies de , compositrice française aux multiples talents, jusqu'alors totalement oubliée.

Premier prix de solfège à 9 ans, reçue troisième sur 260 au conservatoire de Paris, élève de Marguerite Long, première audition de Ma mère l'Oye à 12 ans, cours avec Alfred Cortot ; premier prix d'examens de fin d'étude des classes de piano à 15 ans avec le concerto n°3 de Saint-Saëns et le Prélude de Ravel en déchiffrage qui lui est dédié par le compositeur, premier prix en harmonie à 19 ans ; élève de Widor pour la composition, deux mentions successives au prix de Rome ; premier prix de composition à Paris en 1922 ; grand prix de Rome l'année suivante ; pensionnaire à la villa Medicis pendant trois ans…

La liste est longue encore, mais les œuvres entendues dans cette première parution entièrement dévolue à s'arrêtent à cette période de la première moitié des années 20 : un quatuor pour violon, alto, violoncelle et piano de 1922, les mélodies inspirées par Six sonnets de Michel-Ange (1924) et quatre extraits pour piano seul de En Italie (1926). Trois genres musicaux et trois façons de traiter la musique : on détecte dans le quatuor un sens très fin du traitement mélodique, harmonique et rythmique donnant à l'ensemble un intérêt indéniable. Jamais nous n'aurons l'impression de remplissage ou de bavardage. Tout est très écrit mais ne donne l'impression ni d'une contrainte formelle pesante ni d'une formulation banale. Les interprètes suivent l'esprit de la musique en fusionnant complètement leurs interventions sans jamais laisser dominer l'un ou l'autre des instruments. L'équilibre est parfait entre les voix. Tout coule de source, celle de l'indéniable inspiration. Les mélodies changent quelque peu la donne avec un piano plus torturé, quasi symphonique, très proche des couleurs sombres du texte. La soprano possède un timbre indéniablement somptueux, mais une prononciation pas toujours claire oblige l'auditeur à recourir à la lecture du texte pour bien en saisir tout le sens. Les quatre extraits de En italie sont magnifiques de variétés de tons et de couleurs, tous différents et tous géniaux, stimulant notre imaginaire et nous faisant regretter qu'elle se limite à ces extraits joués par l'inspirante pianiste .

La présentation en livre-disque est aussi réussie que les précédentes sorties (notamment la musique vocale de Rita Strohl, Clef ResMusica). Très documentée, elle pose une première pierre dans la redécouverte de cette dame de caractère, dont les succès fulgurants relatés par les témoins de l'époque rendent d'autant plus mystérieuse la façon dont elle a pu sombrer dans un tel oubli.

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