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Entre grandeur et nostalgie, les Concerts Royaux de Couperin à deux clavecins

et nous proposent une transcription pour deux clavecins des Concerts Royaux, chef d'œuvre de la musique de chambre de .

A la fin de la vie de Louis XIV, la musique à Versailles s'est faite plus intime. Le roi invite et ses amis à consoler ses vieux jours par de petits concerts donnés dans les appartements de Madame de Maintenon. Ces soirées seront à l'origine des quatre Concerts Royaux publiés par Couperin sept ans après la mort du roi. A l'aube des Lumières, c'est la page du Grand Siècle qui se tourne, et on sent poindre déjà le goût naissant du XVIIIᵉ siècle dans ces quatre suites à la française. Dans sa préface, précise que ses Concerts Royaux peuvent être librement orchestrés et conviennent pour toutes sortes d'instruments. On sait que le compositeur lui-même exécutait volontiers sa musique de chambre dans une version à deux clavecins, selon une tradition bien répandue à l'époque. L'idée est que les deux clavecinistes jouent la même partie de basse et se partagent les autres voix, en étant libres de nourrir l'harmonie, ce dont ne se privent pas et .

« J'aime beaucoup mieux ce qui me touche que ce qui me surprend » : cet adage de François Couperin prend ici tout son sens, dans une interprétation aussi brillante qu'émouvante. Les deux clavecins des ateliers de Marc Ducornet entremêlent leurs sonorités chatoyantes avec bonheur, et on sent une parfaite complicité musicale entre les deux interprètes. Dans le Deuxième Concert, le théorbe de rejoint la pâte sonore des cordes pincées pour enrichir encore l'harmonie, dans un esprit d'amicale connivence entre trois musiciens habitués à faire équipe au sein du continuo des ensembles Pygmalion ou Correspondances. Le Troisième Concert s'enrichit de la somptueuse Allemande à deux clavecins publiée dans le Second livre de pièces de clavecin. Et c'est à la guitare que rejoint les deux compères dans le Quatrième Concert, pour finir par une Forlane en rondeau très joyeuse. Une parfaite connaissance de la dynamique des danses françaises rend le discours toujours très clair, malgré la profusion de notes et d'ornements. Les interprètes varient les registrations, qu'ils allègent pour les danses plus rapides (comme la gavotte ou la gigue) ou les pièces tendres, ce qui empêche tout sentiment de monotonie. La belle inventivité de François Couperin est ici parfaitement servie par les sonorités chatoyantes de ce duo de grand talent.

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