- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Le violoniste Christophe Giovaninetti fait ses Caprices

Éminent violoniste et chambriste, qui fonde en 1984 le puis le Quatuor Elysée, révèle aujourd'hui ses compositions à travers les six titres de ce CD monographique, invitant à ses côtés trois autres collègues non moins chevronnées, les sœurs Deborah et ainsi que la violoniste américaine .

Ils sont sous les doigts de tous les violonistes qui les fréquentent parfois au quotidien : les Concertos pour deux, trois, quatre violons de Bach/Vivaldi et autres Caprices de Paganini tournent dans la tête multiple du compositeur/interprète. Dans Johann-Sebastian, la pièce qui débute le disque où il est en duo avec , Giovaninetti joue avec les incipit des thèmes du Cantor (Concerto pour deux violons) qu'il répète et fait tourner à travers un geste qui regarde vers les minimalistes américains : jeu en imitation (canon) et déphasage contribuent à effacer les contours ou à générer une polyrythmie lorsque le jeu est en pizzicati. Dans Antonio, plus espiègle, le montage et l'assemblage des bouts de mélodies donnent lieu à un « grand mélange » débridé et joyeux sous les archets flamboyants des quatre violonistes qui entretiennent l'allure circulaire du mouvement. La fin est cut comme chez les répétitifs américains. Avec Niccoló, est seul en scène dans sa « paraphrase » du 24ᵉ Caprice. Il y prélève les « gestes aimés » qu'il amplifie ou boucle à sa fantaisie ; l'archet est joueur et agile sans être acrobatique : de la finesse et du très beau violon.

Anton (Bruckner et non Webern !) est plus inattendu dans le panthéon du compositeur : « Il s'agit là d'un choix très personnel et d'une passion pour ce compositeur, pour sa 3ᵉ symphonie, et le chiffre trois pour les trois violons », écrit-il dans sa note d'intention. C'est l'énergie cinétique des thèmes et l'étagement de l'écriture par strates que les trois archets en parfaite synergie (avec Déborah et ) donnent à entendre sous des modes de jeu et une écriture qui se renouvellent dans chacune des séquences juxtaposées. New Yorker Duo (avec ) fait plus directement référence à Steve Reich dont la manière répétitive est ici librement réinterprétée : variation des tempi, des dynamiques et des motifs nourrissent une écriture qui se coule davantage dans le temps long du New-yorkais.

Pièce pour violon seul (2011) marque le tout début de son activité de compositeur. C'est une page exploratoire, un ricercar des temps modernes sur quelques intervalles en animation où le compositeur/violoniste mène librement son discours, selon ses humeurs : double cordes, spiccato, sonorité filtrée (sur le chevalet) et envol d'harmoniques. L'oreille est captive et l'archet sensible autant qu'expressif.

(Visited 356 times, 1 visits today)
Partager