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Destinées de compositrices baroques avec Sophie de Bardonnèche

La violoniste consacre un disque passionnant à dix compositrices françaises de la période baroque. Il y a bien tout un monde à (re)découvrir à côté de Couperin, Rameau et Lully…

Le nom d'Elisabeth Jacquet de La Guerre n'est pas inconnu des mélomanes férus de l'époque baroque. Mais aviez-vous entendu parler de Mademoiselle Laurant, de Mademoiselle Duval, de Marie-Christine Fumeron, d' ou de Françoise-Charlotte de Menetou ?

Ces dernières, comme beaucoup d'autres font parties de ces « ombres errantes« , de ces femmes musiciennes et compositrices qui ont disparu des histoires officielles, restées dans l'ombre de maris plus célèbres, parfois eux-même musiciens, ou reléguées dans le décor des salons feutrés du XVIIIᵉ siècle. Tout juste leur donnait-on le droit de jouer du clavecin, du violon, de la viole ou de chanter quelque air d'opéra. Mais destinées à être des musiciennes, voire des compositrices ? C'est cette partie immergée de l'iceberg que nous donne à entendre la violoniste , dans son disque, justement titré « Destinées ». Ce sont pas moins de dix compositrices de la période baroque française, que nous propose de découvrir la jeune violoniste, entourée par la crème de la « jeune garde » baroque, à la viole de gambe et au clavecin.

Elisabeth Jacquet de la Guerre (1665-1729) est évidemment au centre du programme, avec trois sonates pour violon et clavecin. Celle-ci fut la première femme en France à mener une brillante carrière de musicienne, reconnue également pour ses compositions, notamment l'un des premiers recueils de sonates de violon jamais publié en France. S'affranchissant de la tradition des suites de danses à la française, les sonates de Jacquet de la Guerre vont chercher vers l'Italie une vivacité et une lumière rares. Les mouvements lents sont également de grands moments de poésie, Elisabeth Jacquet de La Guerre y reflétant sans doute son propre destin tragique (la perte de son fils unique, de son mari et de son frère). , et sont les interprètes inspirés de ces pages ambitieuses et amples.

Il y a évidemment moins de puissance et de grandeur dans les pièces des neuf autres compositrices sélectionnées par Sophie de Bardonnèche. Mais de petits trésors de poésie se nichent également dans l'Ariette de (1687-17..), La Tempête très vivaldienne d'Elisabeth-Louise Papavoine (1720-1793), le fier Rondeau de Mademoiselle Duval (1718-1775) ou encore le délicieux Menuet de Madame Talon (fl. 1695).

Bien sûr, toutes ces pièces, dans leurs modestes dimensions, n'étaient destinées qu'à l'agrément des salons. Mais les interprètes rendent ici un hommage sincère et touchant à toutes ces femmes, leur rendant une part de la lumière dont elles n'auraient jamais dû sortir.

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