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Le compositeur Jacopo Baboni Schilingi persiste et signe

Fruit de l'expérience d'un compositeur aujourd'hui cinquantenaire, La signature de Jacopo Baboni Schilingi est son manifeste, une manière de faire « les états généraux » de la musique du XXIᵉ siècle pour relancer le débat sur la création contemporaine.

Le livre est épais, l'argumentation ratissant large les territoires du domaine artistique et prenant pour axe de réflexion « la crise de la musique contemporaine ». L'auteur scinde son ouvrage en deux « actes » d'égale longueur, exposant d'abord les dix causes à l'origine de ce « malaise ». Il déplore notamment la disparition des systèmes, « réverbération du monde » comme il l'explique (cause n°6), et l'abandon de la complexité (cause n°7), revenant sans cesse sur les rapports qu'entretiennent « le pouvoir musclé » (celui qui décide et finance) et « le pouvoir utopique (les artistes qui créent). L'acte I est rythmé par quatre « intermèdes », des dialogues menés par l'auteur avec autant de personnalités du monde musical, malheureusement qui ne sont plus de ce monde, qu'il a pu côtoyer : Luciano Berio dont il a été l'assistant dans les années 90, Karlheinz Stockhausen, Pierre Boulez et Jonathan Harvey, quatre pairs avec qui il aborde des questions, essentielles pour lui, touchant à la notion de système, de formalisation, de perfection en art, etc. Au traité et à l'entretien, l'auteur ajoute le conte, avec trois récits, sans doute de sa propre plume, qui jalonnent l'ouvrage, élevant le propos à la dimension métaphorique voire poétique.

L'acte II propose douze voies (+1) de sortie de crise ; où l'auteur appelle de ses vœux les nouveaux formats de concert (n°4 à 6) et une réflexion fondamentale sur l'élaboration des programmes (avec « hyperludes »), avouant qu'il lui arrive de décliner l'invitation si la soirée qu'on lui propose n'est pas monographique. Fonder son propre collectif (n°6), travailler avec les jeunes, toujours (n°8) et en équipe (n°12)… Il plaide également pour de nouveaux modèles de résidence artistique, de financement et d'enseignement. En bref, un programme aussi exigeant que militant pour sortir de l'impasse et « raviver la flamme du pouvoir utopique ».

Sur la couverture noire du livre, on distingue le corps nu d'un modèle sur la peau duquel écrit aujourd'hui sa musique : ces bodyscores sont exécutés en live, lors de performances qui lui permettent de rendre public l'acte d'écrire : une manière d'être au plus près de l'auditeur qui pourra également entendre la musique qui vient de s'écrire sous ses yeux.

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