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Dans une interprétation éblouissante, Vilde Frang rend toute sa passion au concerto d’Elgar

renouvelle notre connaissance de la partition d' en lui insufflant une passion inquiète qui rappelle qu'il s'agit bien d'un chef d'œuvre.

Créé en 1910 par Kreisler sous la baguette du compositeur, le  Concerto pour violon d'Elgar, l'un des plus vastes de tout le répertoire, n'a jamais eu la même notoriété que celui, plus concis et plus immédiatement séduisant, pour violoncelle, ni que les autres grandes pages orchestrales du compositeur anglais. Quelques rares gravures ont pourtant contribué à sa renommée.

Son écriture complexe, la multiplicité de ses thèmes, son orchestration volontairement compacte, sa virtuosité peu démonstrative l'ont relégué derrière son cadet ou les flamboyants poèmes symphoniques et ouvertures du maître anglais. Pourtant, il recèle bien des beautés dissimulées derrière un flot lyrique continu et intense qui souffre d'une certaine monotonie rythmique, y compris dans le vaste final. La très brillante en fait miroiter les facettes avec un exceptionnel sens de la progression, accompagnée avec attention par à la tête d'un orchestre berlinois (DSO Berlin) discipliné à défaut d'être très riche en timbres. Elle apporte une variété de climats et d'éclairages qui renouvelle notre approche de la partition en y apportant une touche permanente d'inquiétude et de surprise préférable au confort victorien un peu empâté de tant de gravures.

Certes, quelques grandes versions ont marqué la discographie de cette page exigeante et difficile depuis celle, historique entre toutes de Menuhin sous la baguette du compositeur en 1931 (Warner), puis le flamboiement de Perlman avec Barenboim à Chicago (DG) ou la somptuosité de Znaider avec Colin Davis à Dresde (RCA). Seul regret, le complément se réduit aux 3'39'' d'une pièce de genre, Carissima (1913, destinée à l'enregistrement, la pièce devait durer impérativement moins de quatre minutes !), alors que le minutage de ce CD très bref aurait aisément permis d'ajouter une autre grande page, sonate ou concerto. Mais pour cette gravure exceptionnelle du concerto, ce disque prend place au sommet de la discographie. Splendide !

 

 

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