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Première monographie de Jean-Pascal Chaigne

Auteur d'une cinquantaine d'opus, le compositeur nous fait découvrir quatre de ses pièces de musique de chambre dans un premier disque consacré uniquement à son oeuvre.

La musique de , imprégnée de poésie, est marquée par l'influence des maîtres des XXe et XXIe siècles, en particulier l'œuvre de , tout en puisant également son influence dans les musiques anciennes, en témoigne par exemple le rythme de sarabande utilisé dans ses Trois mouvements. Ces trois pièces, extrêmement brèves,  composées à la demande du département danse alors que était encore étudiant au CNSMDP, ne sont pas sans rappeler le goût de la concision d'un Webern ou d'un Kurtág et témoignent déjà d'une grande maîtrise de l'écriture pour quatuor.

Jean-Pascal Chaigne sait varier les ambiances au sein de ses pièces, de la sérénité grave à la tension mais c'est ce climat tendu qui prédomine cependant, en particulier dans les deux œuvres vocales Dans la ligne et paupières (sur un poème d'Anne-Marie Albiach) et L'énigme et son sommeil sur un texte de Claude Royet-Journod. Le compositeur, dans le sillage de Mallarmé – poète cher à l'avant-garde de la seconde moitié du XXe siècle – joue avec les mots et le texte, rendant ce dernier tantôt totalement inintelligible, seule la vocalité étant mise alors en avant, tantôt le faisant déclamer de façon syllabique ou plus ornée comme dans le début de L'énigme et son sommeil où les mélismes vocaux sont accompagnés d'un simple bourdon rappelant le chant byzantin mais avec une utilisation quasi-permanente de l'aigu de la voix qui coupe peu à peu l'auditeur de l'émotion ressentie au début de l'œuvre. De de sa voix claire et agile, la soprano s'empare des difficultés de la partition dont on attendrait parfois plus de ruptures ou de contrastes.

Le quatuor Dans l'ombre trace (2022)30Dédié au qui l'interprète ici, cette pièce est inspirée à nouveau par la poésie, tirant son titre d'un poème de Charles Racine. L'écriture, débutant par un superbe solo de violoncelle avant de laisser une partie soliste à chaque instrument, s'inspire du modèle vocal. A nouveau, c'est un climat d'une étrange beauté, tendue et oppressante, qui s'installe d'autant plus que les instrumentistes jouent sans vibrato, glissando ou autres trilles avec une profonde homogénéité de jeu entre les quatre interprètes.

Par la présentation de ces quatre pièces, l'auditeur (re)découvre l'œuvre d'un compositeur maîtrisant l'écriture et le style, nourri d'influences du passé plus ou moins proche mais aussi et surtout doté d'une personnalité propre et ancré dans le XXIe siècle.

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