Le cycle culturel « Danse dans les Nymphéas » reprend au musée de l'Orangerie avec la danseuse et chorégraphe Anna Chirescu et le plasticien Grégoire Schaller pour Ordeal by Water.
Depuis sa création en 2018, le cycle chorégraphique « Danse dans les Nymphéas » explore, dans des formats in situ, la danse de répertoire et de création, dans l'espace immersif des salles des Nymphéas de Claude Monet au musée de l'Orangerie. Anna Chirescu a été la première danseuse invitée par Isabelle Danto, instauratrice de ce cycle culturel, où elle avait dansé un Event de Cunningham, il y a sept ans. Danseuse formée chez Cunningham, Anna Chirescu a travaillé de nombreuses années avec Robert Swinston, ancien bras droit de Cunningham. Elle a obtenu le Prix d'encouragement de l'Académie des Beaux-Arts et le Prix Révélation chorégraphique du Syndicat de la critique et poursuit depuis lors une carrière de chorégraphe indépendante avec de nombreux projets de recherche autour du mouvement et de la musique.
C'est le cas avec Ordeal by Water, où elle est accompagnée par la guitare électrique de Simon Déliot. L'ordalie par l'eau, acqua frigida judicum, était une forme de jugement médiéval divin, qui consistait à plonger une accusée – souvent les femmes suspectées de sorcellerie – dans de l'eau. Si elle coulait, elle était déclarée innocente, si elle flottait, on la croyait détenir des pouvoirs magiques la déclarant coupable. Étymologiquement, le terme renvoie à la notion d'épreuve. La chorégraphe tisse un parallèle entre ces jugements médiévaux et les représentations contemporaines du corps sportif, explorant une multitude de rapports à la contrainte physique pour donner à voir un corps qui perd sa forme proprement humaine.
Masque d'escrimeuse sur le visage, en académique rouge, elle enchaîne figures de Pilates et de danse dans un solo athlétique. Elle se déshabille et dévoile alors un justaucorps plus en harmonie avec les Nymphéas immersifs de Monet qui entourent les spectateurs. Cheveux humides comme une naïade sortie des eaux, pointes de coureuse aux pieds, elle met son extrême souplesse au service de la performance. Une expérience chorégraphique et musicale lente et hypnotique, où les sons de la guitare sont réverbérés par les murs courbes de la deuxième salle des Nymphéas.
Pour le final, la danseuse réapparaît en longue robe noire, où, avec des gestes de prêtresse, elle tente d'envoûter l'assistance. Une tentative réussie…