Avec La Leçon, Marie-Claude Pietragalla et Julien Deroualt poursuivent leur exploration de l'œuvre d'Eugène Ionesco, transformant la célèbre pièce du dramaturge en un spectacle de danse-théâtre.
La Leçon met en scène trois personnages : le professeur, l'élève et Marie, la bonne. Une élève se rend pour un cours particulier chez un professeur afin de préparer un doctorat total. Différentes disciplines sont abordées de façon de plus en plus absurde : géographie, arithmétique, philologie, linguistique… Après avoir buté sur l'apprentissage de la soustraction, l'élève énerve de plus en plus le professeur, d'autant plus qu'elle se plaint d'un mal de dent. Malgré les mises en garde de la bonne, le professeur s'agace jusqu'à l'impensable.
Le Théâtre du Corps s'empare de cette pièce en y adjoignant une dimension chorégraphique, la danse accompagnant la majeure partie des propos des personnages. Elle est également présente à travers plusieurs numéros dansés qui entrecoupent les scènes, au risque de perdre parfois le fil de la pièce.
Une forte énergie émane de ce spectacle, en particulier dans les ensembles et dans le beau pas de deux. Tel un chœur antique, une dizaine de danseurs dansent et parlent pour commenter et accompagner les propos des trois personnages principaux joués par Julien Derouault dans le rôle du professeur, Manon Chapuis dans celui de l'élève, et Solène Messina-Ernaux dans le rôle de la bonne. Les trois artistes dansent et jouent avec le même engagement entremêlant avec aisance les deux disciplines artistiques.
L'humour de l'absurde, renforcé par la chorégraphie , est présent mais Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault n'ont pas pour autant édulcoré la violence de la pièce qui dénonce les rapports de domination et de manipulation. En définitive, malgré quelques longueurs, ce spectacle hybride est une rencontre réussie entre la danse et une des pièces théâtrales majeures du XXe siècle.