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Henri et Victor Demarquette inaugurent le nouveau festival normand La Feuillie Classic

Pour le concert d'ouverture de sa première édition, le nouveau festival La Feuillie Classic, donne d'emblée le ton avec un magnifique programme appariant une création mondiale de et deux œuvres célèbres de Brahms et Schumann.

Soucieux de laisser une large place à la création musicale, à l'approfondissement du grand répertoire chambriste, ainsi qu'à la découverte de nouveaux talents et au compagnonnage intergénérationnel dans un cadre patrimonial remarquable (l'Eglise Saint-Eustache en court de restauration), et son fils Victor, tous deux codirecteurs artistiques, proposent cette première édition du Festival La Feuillie Classic, situé en terre normande, au cœur du pays de Bray.

Le Quatuor pour piano et cordes n° 3 op. 60 de ouvre la soirée. C'est durant son séjour à Detmold entre 1856 et 1862 que donna naissance à ses trois quatuors pour piano et cordes. Ne parvenant pas à finaliser un quatuor à cordes en do dièse mineur, il eut alors l'idée de réduire les violons à une seule partie et d'y inclure sa propre participation au piano. Cette formation en quatuor avec piano offrait de plus à Brahms la possibilité de développer un certain antagonisme entre cordes et clavier dès lors que le piano entrait en jeu, générant une écriture aux allures concertantes diamétralement opposée à celle du quatuor à cordes. Créé en 1876 à Wiesbaden avec le compositeur au piano, typiquement brahmsien par son mélange de zones d'ombre et de passion contenue, il comprend quatre mouvements : un Allegro liminaire tourmenté, chaotique et engagé à la mesure de son amour impossible pour Clara, joliment conduit par le piano véhément de et le violon virtuose de  ; un Scherzo qui s'inscrit dans la lignée beethovénienne, très rythmique, parfaitement mis en place, imprégné d'urgence avec là encore un piano prédominant qui mène la danse ; un Andante élégiaque qui fait la part belle au violoncelle de et à l'alto de  soutenus par les notes égrenées du piano ; un Allegro comodo, engagé et enflammé, porté par une complicité parfaitement symbiotique entre cordes et clavier qui achève en beauté cette superbe interprétation.

Place à la création contemporaine ensuite avec Dialogues pour violoncelle et piano de (né en 2000). Une courte pièce de commande (2025) spécialement écrite pour le festival et dédiée à la famille Demarquette (Victor et Henri) qui en assure aujourd'hui la création mondiale. Une composition qui s'inscrit dans l'air du temps, atonale et synthétique des différentes influences musicales du XXe siècle, exploitant toutes les possibilités techniques et musicales des deux instruments qui s'entrelacent sur une même ligne musicale, sorte de figure de Janus laissant toutefois le leadership au violoncelle de dont on admire tout à la fois la sonorité, la virtuosité et l'impact émotionnel.

Le célèbre Quintette pour piano et cordes op. 44 de conclut la soirée. Composé en 1842, monument du répertoire romantique, dédié à Clara, il fut créé en 1843 par les musiciens du Gewandhaus de Leipzig avec Clara Schumann au piano. Il comprend quatre mouvements : un Allegro brillante affirmant d'emblée une grande complicité entre les cordes conduites par et le piano de . On y admire la rigueur de la mise en place, la clarté de la polyphonie, la fluidité du jeu du piano, l'énergie déployée et la remarquable ampleur sonore du violoncelle de et de l'alto de  ; une Marche funèbre (qui n'est pas sans rappeler les trios de Schubert) qui séduit par sa beauté mélodique ; un Scherzo très rythmique dont on apprécie la dynamique et le coté malicieux, précédant un Allegro final en forme de cavalcade échevelée pour conclure cette interprétation enthousiasmante. Un festival à suivre…

Crédit photographique : © Yanis Saglio

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