Ce court deuxième roman de Marie de Chassey, chez Alma éditeur, est plus qu'un exercice de style.
Marie de Chassey connaît de près la musique et son milieu, et si son premier roman Ce qu'il reste à faire (2023) ne leur était pas consacré, il a en commun avec celui-ci sa brièveté et son style simple en apparence. Des phrases courtes, sans emphase, sans poésie, mais qui permettent par petites touches de dessiner le monde intérieur et l'environnement social d'Ethel Aden. Pianiste de très haut niveau évoluant dans un passé proche où l'on jouait encore de la musique classique à Pleyel, l'héroïne pourrait n'être qu'une figure archétypale du musicien ne vivant que par et pour son instrument, proche de celle qu'Alexandre Tharaud a pu donner de lui-même. Mais avec sa manière délicate d'entrer dans la tête du personnage, d'explorer sa psyché à la loupe et d'amener finement révélations et épisodes, Marie de Chassey va plus loin qu'un simple portrait fictif. On se prend facilement au jeu du récit qui, s'il ne nous mène pas très loin en termes de narration, permet d'aller assez au fond des choses, en particulier les faiblesses qui peuvent guetter les musiciens de haut niveau.
Ceux qui connaissent de près la musique et sont sensibles à la vraisemblance du récit seront servis. Les pages dans lesquelles l'autrice décrit les œuvres au moment où elles sont jouées, en répétition ou en concert, sont bien réussies, et les notes d'humour subtil que Marie de Chassey parvient à distiller contribuent à faire de cet Ethel Aden une lecture des plus stimulantes.