Le texte de présentation de ce nouvel enregistrement du concerto de Beethoven laissait espérer une lecture novatrice de l'œuvre.
La lecture du texte de présentation (en anglais seulement) témoigne des ambitions interprétatives de Nicola Benedetti qui insiste sur la liberté créative du soliste tant dans l'ornementation que dans le choix des cadences. Le parti pris de l'orchestre Aurora de jouer sans partitions ajoute à l'originalité du projet. Mais la marge importante, entre ces intentions ambitieuses et la réalisation, déçoit quelque peu. Le propos se révèle en fait assez conventionnel, y compris dans la cadence du premier mouvement. Nicola Benedetti n'est certes pas la première à transposer au violon la cadence avec timbales écrites par Beethoven pour sa propre transcription du concerto pour piano et orchestre.
L'orchestre n'apporte qu'un accompagnement sans grand relief. Sans remonter aux gravures historiques et légendaires de Menuhin-Furtwängler ou Oistrakh-Klemperer, la comparaison avec la magnifique version d'Isabelle Faust (Harmonia Mundi, Clef ResMusica), où, dans la cadence du premier mouvement, elle fait elle aussi le choix de l'accompagnement des timbales mais avec beaucoup plus d'imagination, accompagnée par l'orchestre Mozart dirigé par Claudio Abbado (Harmonia Mundi) dans une esthétique assez comparable, s'avère cruelle. Dès l'introduction le maestro italien trouve des phrasés d'une beauté transcendante qui ouvrent la voie à une soliste en état de grâce tandis que l'orchestre Aurora et son chef ne décollent pas d'un prosaïsme bien plat.
Si l'on ajoute que le CD d'Harmonia Mundi offre de surcroît une version elle aussi géniale du Concerto à la mémoire d'un ange alors que la nouveauté Decca s'en tient à un minutage nettement insuffisant, le choix s'impose de lui-même et écarte un CD plutôt décevant au regard de ses ambitions.