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Borda, le Brésil des temps premiers par Lia Rodrigues

Sous le double patronage du Festival d'Automne à Paris et de la saison Brésil-France, Borda, le nouveau spectacle de dont la première française a eu lieu à la Biennale de Lyon, poursuit sa tournée au CENTQUATRE à Paris, avant Chaillot et L'Azimut.

Comme des papillons sortant de leur chrysalide, les neuf danseurs de Borda vont lentement éclore au fil des minutes de ce spectacle transformiste. Tout d'abord, enfouies sous une mer de plastique blanc, les figures affublées de prothèses matelassées et monochromes émergent peu à peu, formant une installation mouvante. La dimension plasticienne de ce spectacle de est clairement affichée. Son ambition picturale aussi, les danseurs semblant rejouer des tableaux vivants de peintres flamands, de Bruegel à Bosch, dans un blanc carnavalesque et guignolesque.

Se lançant dans une farandole maritime et éperdue, les danseurs bouillonnent et éructent silencieusement, tout en progressant au sol dans une boucle. Se dépouillant progressivement de leur gangue translucide, c'est alors qu'ils jaillissent en tenues pailletées et colorées. Debout, avec toute la sauvagerie d'une civilisation ancestrale, ils dansent des figures tribales et triomphantes. C'est dans cette partie que l'inventivité visuelle de est la plus frappante : entrecroisement de corps et de têtes, portées comme coupées ; combats mimés et expressionnisme lyrique. Jaillissante et jubilatoire, cette partie puise dans la folie du carnaval et les traditions musicales des peuples amazoniens – dans une joie totale.

Puis le calme revient et les danseurs rentrent dans leur carapace, recroquevillés et pantelants, comme sonnés après l'exubérante explosion de couleurs et de sons. Travaillant aux côtés de Lia Rodrigues. depuis de nombreuses années, les danseurs ont participé à un processus de création, puisant son inspiration dans 35 ans de costumes et de chorégraphies. Borda, entre désordre et folie, est donc une pièce palimpseste des pièces précédentes de la chorégraphe brésilienne et de sa compagnie. Fascinant, ce travail presque archéologique laisse cependant parfois de côté l'émotion, trop occupé à porter sa propre étrangeté.

Crédits photographiques : © Sammi Landweer

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