Quelques notes en animation soumises au déterminisme d'un logarithme ; Melaine Dalibert est au piano dans les deux titres de ce nouvel album accueillant le dispositif électronique de David Sylvian et ses fines textures atmosphériques.
Un bourdon s'installe dans Musique pour le lever du jour (2017) ; le matériau est minimal et l'articulation mélodique en perpétuelle variation à laquelle l'électronique confère une aura sonore : reflet, granulation, réverbération, ondulation, irisation donnent à chaque note du piano son envergure spatiale. Douceur et lenteur sont de mise dans un espace-temps que rien ne vient perturber : « une musique infinie » qui invite à l'écoute immersive.
L'électronique est toujours à l'œuvre dans Arabesque (bourdon et spatialisation) mais l'espace est éclaté ; les sons, égrenés régulièrement, sont distribués sur tout le clavier, générant des réactions en chaîne de l'électronique. Ainsi s'émancipe-t-elle de la partie de piano, plus enveloppante et envoûtante.
À ces deux pièces d'une vingtaine de minutes chacune, Melaine Dalibert ajoute deux versions courtes de 4 minutes, une manière sans doute d'éprouver le temps en laissant entendre que, si ses musiques ont bien un début, elles n'ont pas de fin.