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Le Ballet de l’Opéra de Paris fait sa rentrée avec Giselle

Une entrée de saison dans la tradition au Ballet de l'Opéra de Paris avec une exceptionnelle Giselle précédée du Défilé de l'ensemble de la compagnie et des élèves de l'Ecole de danse, et d'un intermède du Junior Ballet.

Il est toujours aussi émouvant de découvrir chaque année les jeunes élèves de l'Ecole de danse et le corps de Ballet de l'Opéra de Paris lors du Défilé sur la marche des Troyens de Berlioz. La première petite fille qui se lève tout au fond du Foyer de la danse pour descendre vers l'avant-scène marque ainsi joyeusement et solennellement le début de la saison chorégraphique à l'Opéra de Paris. Le plaisir des Premières et Premiers danseurs, et des Étoiles, à retrouver leur public est aussi palpable et cette année, tous étaient bien présents à ce rendez-vous rituel et délicieusement immuable, y compris Mathias Heymann.

Le temps pour les étoiles de se préparer pour Giselle, cette soirée d'ouverture de Saison réservait une surprise avec Requiem For a Rose d'Annabelle López Ochoa. Un retour affirmé au néoclassique, incarné par les danseurs et danseuses du Junior Ballet de l'Opéra de Paris, en jupe corolle de faille pourpre. La chorégraphie, tout à fait plaisante, mêle des emprunts à Balanchine, Robbins (In the Night), Le Boléro de Béjart et bien sûr Le Spectre de la Rose de Fokine, dont la pièce est une réminiscence modernisée. L'occasion de découvrir 13 des 24 danseurs et danseuses de ce Junior Ballet déjà appelé à sillonner les routes de France pour permettre à un plus large public de découvrir le ballet.

Le couple choisi pour la Première représentation ouverte à la presse de Giselle cette saison est composé de et . Elle est d'une légèreté et d'une finesse poids plume dès son entrée en scène et dans sa première variation du premier acte. Prince svelte à la grâce et au charme assumé, il est le partenaire idéal, aussi bien dans la joie que dans le drame. Quand l'univers de Giselle se fige littéralement (les danseurs ne bougent plus) et s'écroule, lorsqu'elle découvre la trahison d'Albrecht, l'interprétation de la danseuse est déchirante. Elle semble déjà ailleurs alors qu'un voile noir nimbe le ciel, contrastant avec les poursuites qui illuminent les solistes. Sa délicatesse éthérée et diaphane illumine la scène de la folie où elle est exceptionnelle.

Dans le pas de deux des vendangeurs, et ont de la puissance, du métier et beaucoup d'assurance. Cette solidité est rafraîchissante ! Tout aussi solide, est l'Hilarion immédiatement soupçonneux par qui le drame arrive. Les ensembles du 1er acte réunissant vendangeurs et vendangeuses, avec les amies de Giselle, sont parfaitement réglés et l'on sent les danseurs frais et reposés en ce début de saison. Amplitude, vitesse et rythme soutenu dans les traversées, ils se déploient sur toute la largeur de la scène. Réalisés avec soin par les ateliers de costumes de l'Opéra de Paris, leurs costumes, d'un grand raffinement dans le choix des tissus, sont visiblement neufs .

Le deuxième acte est d'une particulière beauté en cette soirée de Première, et l'on se régale jusqu'au tombé de rideau final. Dans la longue introduction de cet acte blanc, éminemment romantique, , alias Myrtha, est seule en scène. Intense et hiératique, elle parcourt avec élégance le chemin qui mène de l'arrière à l'avant-scène. Ses équilibres et sa rigidité inébranlable sont impeccables… Jusqu'aux saluts, elle conservera le visage sévère qu'impose le personnage et ne sourira pas une seconde ! Elle est rejointe par une armée de Willis dans un ensemble parfait, avec un magnifique travail des bras, un moelleux incomparable dans les pliés et des arabesques aux pieds bien positionnés.

L'apparition de Giselle est un sommet du genre. Comme un spectre, est presque transparente et semble flotter dans l'air, alors que nul fil ne la tient. Comme deux ombres qui se poursuivent, le duo avec Albrecht, très digne et d'une grande sobriété, révèle toute la palette expressive de la danseuse étoile. Elle est prodigieuse dans sa variation, tout comme dans sa série d'entrechats aux pieds et jambes parfaitement fermés. L'ensemble du spectacle témoigne du travail remarquable mené par les danseuses et danseurs et par les maîtres de ballet, pour une soirée magique en tous points.

Crédits photographiques : © Julien Benhamou, © Maria-Helena Buckley / Opéra national de Paris

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