Le Washington Post a-t-il relancé la lutte contre les abus sexuels dans le monde des orchestres aux États-Unis, avec son portrait de Katherine Needleman, hautboïste principale de l'Orchestre symphonique de Baltimore, publié le 19 octobre 2025 ?
Dans l'article intitulé « Elle a repoussé les avances du premier violon. Aujourd'hui, elle est la justicière du mouvement #MeToo dans le monde de la musique classique. », le journal conservateur et libéral donne une visibilité ambivalente au combat de cette musicienne et professeure de hautbois au Curtis Institute of Music, qui a dénoncé publiquement les pressions qu'elle avait subi au sein de son orchestre de la part du premier violon. Forte de ses 22000 followers sur Facebook et de ses millions de vues (selon le Washington Post), elle n'hésite pas à rendre public telle photo explicite envoyée par un professeur d'une université texane à une musicienne, ou des messages vulgaires et sexistes de musiciens de l'orchestre de Calgary au Canada. Et ça marche : Katherine Needleman a obtenu ici une retraite anticipée, là deux licenciements. Et le journaliste de s'interroger sur le caractère approprié de ce type de révélations et leur impact sur l'univers feutré voire calfeutré de la musique classique. Et de conclure, après avoir souligné la difficulté pour l'hauboïste d'oublier ces abus: « Que ressentira-t-elle lorsqu'elle montera simplement sur scène pour jouer de son instrument ? »
L'association féministe Ultraviolet, organisation qui compte plus d'un million de membres dans le pays, vient de se saisir de ce coup de projecteur pour lancer une pétition afin que la League of American Orchestras adopte les « Fair Process Principles » afin d'éradiquer la violence et les abus sexuels dans les environnements de travail hautements compétitifs que sont les orchestres. Cette série de principes a été élaborée par des victimes afin que les plaintes soient étudiées de manière indépendante, à partir de preuves variées, et sans les biais que l'on retrouve typiquement dans ce genre d'affaires sensibles pour décrédibiliser les plaignantes (faits allégués trop anciens, état mental ou encore réputation sexuelle de la victime).