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L’ensemble Marguerite Louise fête Noël avec Charpentier

Après un disque consacré à la Missa Assumpta est Maria en début d'année, l'ensemble dirigé par Gaëtan Jarry poursuit son voyage dans l'œuvre de avec un programme qui célèbre la Nativité.

Décidément, la Messe de minuit de Charpentier a le vent en poupe à l'approche des fêtes de Noël : après le récent enregistrement de Christophe Rousset avec le Monteverdi Choir, voici la version de l' emmené par l'organiste Gaëtan Jarry. Dans cette messe composée à partir des thèmes de Noëls populaires, Charpentier réalise une parfaite synthèse du profane et du religieux, dans la tradition de la messe parodie du siècle précédent. Certaines sections restent libres de tout thème, comme le sublime « Et incarnatus est » du Credo. Quelques Noëls sur les instruments viennent judicieusement ponctuer les versets du Kyrie composés sur les mêmes thèmes, et font aussi office d'offertoire. En guise de sortie, Gaëtan Jarry joue magistralement sur le grand orgue de la Chapelle Royale un Noël de Lebègue en forme de dialogue sur les grands-jeux. Pour compléter le programme, on entendra un des six Dixit Dominus composés par Charpentier, introduit par un ample prélude instrumental en trois parties. Enfin, le motet « Dialogus inter Angelos et Pastores in Nativitatem Domini » décrit l'attente de la venue du Sauveur, théâtralisé comme dans un oratorio romain.

Dès le premier Kyrie de la Messe, le tempo choisi par Gaëtan Jarry est joyeux et enlevé. S'en suit une belle alternance entre mouvements gais et passages plus introspectifs, tout en contrastes. Le « Et homo factus est » du Credo est un grand moment de recueillement, enrichi de longs silence du plus bel effet. On peut noter le choix, dans le Gloria et le Credo, d'accompagner le plain-chant introductif par le serpent. En milieu de programme, le Noël populaire « Chantons je vous prie » est un sommet de douceur élégiaque, avec son introduction aux flûtes suivie par les voix de dessus a capella, en alternance avec les couplets chantés par la soprano . Une véritable pépite. Le dialogue entre les anges et les bergers offre de magnifiques contrastes, dans une illustration très théâtrale du texte. Un superbe intermède instrumental intitulé « Nuit » fait planer flûtes et cordes en sourdine dans un passage aux harmonies tendues, avant l'explosion du Réveil des bergers terrifiés.

Les tempi des Noëls aux instruments sont dans l'ensemble très enlevés, de véritables danses. Par contraste, « Or nous dites Marie » est très élargi, et offre au premier violon de Fiona-Emilie Poupard et à l'orgue de continuo de Loris Barrucand l'occasion d'improviser des diminutions très inspirées. L'orchestre et le chœur sont ici réunis en grand effectif, pour des effets de contraste saisissants. La dynamique et la précision de la direction sont admirables. Seule réserve au milieu de toutes ces qualités : les voix solistes masculines sont trop lyriques, particulièrement la basse David Witczak dans le Dixit Dominus. Mais la soprano a une projection parfaite, et son dialogue avec le chœur féminin dans « Chantons je vous prie » est un sommet d'expressivité. La qualité des chœurs et de l'orchestre fait de cet enregistrement une référence.

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