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Devoir de mémoire envers Jeanne d’Arc et Jean Zay

Sous la baguette fervente de , et soutenu par divers solistes vocaux, l'Orchestre d'harmonie de la région Centre rend un vibrant hommage musical à deux légendes qui ont marqué la ville d'Orléans : Jeanne d'Arc et Jean Zay.

La belle figure de Jeanne d'Arc (1412-1431) a constamment fasciné les compositeurs, depuis Jean de Virey (1548-1623), dont la musique pour sa tragédie Jeanne d'Arques (1600) ne nous est malheureusement pas parvenue, jusqu'à Henri Tomasi (1901-1971) avec son oratorio le Triomphe de Jeanne (1955), en passant par Rodolphe Kreutzer, Simon Leborne, Michele Carafa, Franz Liszt (avec – déjà ! – Jeanne d'Arc au bûcher), Gilbert-Louis Duprez, Gaston Serpette, Auguste Mermet, Charles Gounod, Henri Marteau, Charles-Marie Widor, Charles Lenepveu, Benjamin Godard, Charles Poisot, Ernest Chausson, André Caplet, René de Boisdeffre, Max d'Ollone, Fernand de la Tombelle, Raymond Roze. On pourrait encore citer – liste non exhaustive – Adolphe Bourdon, Paul Paray (dont la Messe du cinquième Centenaire a connu une belle gravure Mercury sous sa direction), Arthur Honegger (dont Jeanne d'Arc au bûcher demeure sans doute la plus célèbre des évocations musicales de l'héroïne), André Jolivet, Marcel Dupré…

Maurice Ravel avait en projet un grand opéra d'après la Jeanne d'Arc (1925) de Joseph Delteil, mais la maladie en empêcha la réalisation. , directeur musical de l'Orchestre d'harmonie de la région Centre, n'a pas échappé à cette fascination, en accomplissant le rêve de Ravel : inspiré du modèle du 14 Juillet de Romain Rolland confié à huit compositeurs de France, il en convoqua six pour la réalisation de cette imposante Fresque musicale sur la vie de Jeanne d'Arc, parmi lesquels on retrouve précisément (1921-2015), le légendaire chef de la Musique des Gardiens de la Paix, qui avait dirigé la première gravure du 14 Juillet de Romain Rolland.

Œuvre haute en couleur, hommage vibrant rendu en 2012 à l'occasion du 600e anniversaire de la naissance de Jeanne d'Arc, elle se décline en 6 tableaux pour soprano, récitant et orchestre d'harmonie, chacun dévolu à un compositeur : 1 – « Domrémy, l'enfance » () ; 2 – « Chinon, présentation à Charles VII » () ; 3 – « Orléans, le siège » () ; 4 – « Compiègne et Rouen, arrestation et jugement » () ; 5 – « le Bûcher » () ; 6 – « et c'est le souvenir… » (Edith Canat de Chizy).

Faire voisiner cette œuvre avec un Hommage à Jean Zay (1904-1944) était la décision idéale, puisque ce fut précisément à son initiative qu'eurent lieu les représentations du 14 juillet de Romain Rolland en juillet 1936 au Théâtre de l'Alhambra à Paris. Ministre de l'Éducation Nationale et des Beaux-Arts sous le Front populaire, le Juif Jean Zay, emprisonné par le régime de Vichy en 1940 et assassiné en 1944 à l'âge de 39 ans par la Milice, a fait son entrée au Panthéon ce 27 mai 2015. Commande de l'Orchestre d'harmonie de la région Centre, et également œuvre collective, l'Hommage à Jean Zay, créé en mai 2011, est un triptyque musical pour baryton solo et ensemble à vents, dont les parties furent dévolues à , et , sur des poèmes respectifs de Jean Cassou, Max Jacob et Jean Zay lui-même.

Les remarquables enregistrements proposés ici sont le reflet des deux créations publiques et font absolument honneur au label Klarthe. Le visuel et les excellentes notices donnent une parfaite idée du soin apportée à la conception. Et il va sans dire combien tous les interprètes sans exception se sont totalement investis dans cette réalisation, modèle du genre qu'il convient de soutenir et d'encourager avec enthousiasme.

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