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Amandine Savary, les Impromptus tout simplement

Les Impromptus sont devenus des tubes du répertoire de Schubert. , membre du Trio Dali et dont le disque de Toccatas de Bach avait été applaudi, les présente avec un discours fluide et sans grandiloquence romantique.

Est-ce l'efficacité et la nouveauté formelle de ces courtes pièces « ni sonates ni moments musicaux », comme l'explique le livret ? Est-ce leur romantisme à la fois intense et serein, légèrement mystérieux ? Les cycles d'Impromptus ont fait l'objet de nombreuses versions et ont été sublimés par des monstres sacrés du piano (voir récemment Sokolov et András Schiff dans nos pages).

Presque détachée de ce lourd héritage, la pianiste semble choisir un milieu entre d'une part l'intensité romantique et l'éloquence du chant, rappelant le Voyage d'hiver (d'écriture contemporaine), et, d'autre part, le ton confidentiel de ces œuvres. Elle en donne ainsi, pour ainsi dire, une version classique, tirant le fil du morceau et de l'ensemble des deux cycles avec clarté et simplicité. Le tragique (comme chez Krystian Zimerman ou Philippe Cassard par exemple) et l'intensité romantique en sont bien absents, sans pour autant qu' reste en retrait, ni adopte un jeu feutré. Doit-on y voir l'influence d'Alfred Brendel, dont elle évoque le patronnage ? Un choix de simplicité intéressant, qui rend cependant certaines pièces moins convaincantes à la première écoute. Ainsi, les pièces 1 et 4 op. 90 par exemple, qui sont également parmi les plus longues, manquent d'éloquence et de récit.

Pourtant, nous ne pouvons rester indifférents au sens du phrasé et de la mélodie, reposant sur des choix de tempos mesurés et souvent pertinents, ni au toucher d'. Ainsi l'Allegro n° 2 op. 90 offre à la fois un son bien articulé et moelleux, dans une ligne chantante et souple, et l'Andante n° 3 laisse chanter l'instrument avec une sérénité lumineuse. Mais c'est dans le deuxième cycle d'Impromptus op. 142 que ces qualités ressortent :  le n° 2 est vivant, avec une belle main gauche présente et des crescendos et forte toujours sans dureté, le thème et variations du n° 3  sont particulièrement chantants et contrastés et le Scherzo final assez enlevé. Autant de qualités bien servies par la prise de son et l'acoustique du Théâtre de la Chaux-de-Fonds et qui en font une version recommandable.

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