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Suzanne Giraud – To One in Paradise, Envoûtements I à IV

La musique de se caractérise avant tout par son naturel et son « évidence ».

Nulle recherche particulière de « nouvelles sonorités » ici, nul souci de frapper l'imagination par des « trouvailles » exotiques. Seulement l'expression de sentiments très aigus, où l'onirisme joue un grand rôle.

Chacun de ces Envoûtements décrit des mondes étranges, fantasmagoriques mais dans un langage qui se veut direct, immédiatement accessible, loin des cryptogrammes musicaux d'un Ferneyhough, par exemple. To one in Paradise est un long et somptueux lied avec orchestre sur un texte de Edgard Allan Poe. Les quatre Envoûtements suivent une progression tant mathématiques (chaque pièce est écrite pour un nombre d'instrumentistes équivalent au numéro de l'œuvre) que psychologique – chaque étape souligne une escalade dans l'irrationnel. Envoûtements (I) est destiné au violon seul et est joué ici par son dédicataire, Irvine Arditti, musicien exceptionnel et véritable Paganini des temps modernes. Envoûtements II conjugue les sonorités douces et troubles de la flûte alto et du marimba; il s'agit de la pièce à l'ambiance la plus « nocturne » de l'ensemble. La voix apparaît dans Envoûtements III et mêle ses mélopées au charme langoureux de la clarinette, les percussions ajoutant un zeste de mystère à cette page où plane un léger mais net parfum d'érotisme. Finalement, le , au complet cette fois, rend justice au couronnement de ce cycle étonnant, Envoûtements IV, où toutes les ressources des quatre instruments sont conviées pour une fête de l'oreille et de l'imagination. A découvrir.

Bernard Postiau (Crescendo n°52 – Avril/Mai 2001)

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