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Festspielhaus de Baden Baden : Olga, Jessye, Jimmy… et les autres

a conduit deux concerts au Festspielhaus de Baden Baden. et étaient ses solistes de prestige pour une aventure musicale qui aura d'abord confirmé que le « Met » est devenu un des grands orchestres de notre temps.

Jimmy Levine, pareil à lui même, a rallié les foules malgré quelques réserves de style. Le constat est désormais sans appel ; l'orchestre du Metropolitain de New-York peut jouer dans la cour des grands. Il est loin le temps où à Vienne, Paris ou Berlin on parlait avec condescendance de la grande « casserole » du Met. Les pupitres sont désormais bien en place, la justesse et la virtuosité individuelle des solistes une valeur sûre.

Au cours des concerts, l'orchestre su montrer ses qualités de cohésion et de finesse dans la « Jupiter » de Mozart, le concerto pour clarinette et la burlesque de Strauss. Une sixième de Mahler constituait un plat de résistance ambitieux qui montrait malgré tout les limites encore présentes d'un orchestre de « fosse ». Il faut dire que la conception très hollywoodienne de Levine aurait exigé des pupitres plus brillants, ce Mahler là veut valoriser le chef et ne s'aventure pas dans les méandres de la souffrance et de la morbidité. Jimmy Levine a souvent montré d'évidentes lacunes s'agissant de la conception philosophique des œuvres et passait ainsi pour le chef d'orchestre le plus superficiel des grands. Néanmoins, cette sixième de Mahler donnait une image du Met bien plus proche d'un coureur de marathon que d'un athlète disposé à battre le record du monde du 110 mètres haies. Dès la fin du deuxième et terrifiant mouvement de cette symphonie colossale des signes évidents de fatigue étaient visibles et le finale allait ainsi quelque peu être malmené. Mais l'impression d'ensemble traduit un enthousiasme communicatif. Restaient les deux « stars » dont chacune des intervention ne dépassait pas vingt minutes… scandaleux!

avait choisi la Mort de Cléopâtre de Berlioz dont elle a restitué l'ambiance suave et violente avec retenue et sans emphase. Manifestement très à l'aise dans cet univers sonore peu connu du grand public, et bien que sa diction française laisse à désirer, « La » Borodina s'est transposée en reine d'Egypte mourant avec dignité. Fin, discret, amoureux de la voix et attentif aux inflexions, Levine faisait jouer son orchestre sur la pointe des pieds. ne daigna pas donner de bis, malgré la « standing ovation » de l'assistance.

Pour le lendemain, la prestation de s'annonçait sous des auspices bien sombres. Les échos américains précédant la tournée de la star faisaient état

d'un comportement de plus en plus capricieux, d'exigences d'organisation, de service d'ordre poussés à l'extrême. Et de fait, l'administrateur du festspielhaus prit la parole pour expliquer le non-fonctionnement de la climatisation par un « désir » de de bénéficier d'une température relativement stable et élevée. On sentait dans l'expression de l'administrateur une manière claire d'afficher son impuissance et de se démarquer des « humeurs » de son invitée. Jessye Norman n'en donna pas moins une version bouleversante des « Frühe Lieder » d' dont elle mit en valeur les réminiscences straussiennes, la profonde beauté. Contrairement aux idées véhiculées, Jessye Norman n'est pas encore une caricature d'elle même, mais son comportement jadis si humble et simple semble avoir laissé la place à un syndrome comportemental pathologique.

Mais chacun comprenait que le monde de la musique est fait de ces aléas et les concerts du Metroplitain de New-York laissent une profonde impression de satisfaction.

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