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Jonas Kaufmann et Helmut Deutsch convaincants dans Schubert

24e Festival d'Automne (Herbstliche Musiktage)

Depuis 1981, la ville thermale de Bad Urach, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Stuttgart, abrite un festival d'automne, fondé à l'époque par le grand baryton allemand Hermman Prey et voué, essentiellement, au lied et à l'opéra en forme de concert. Grâce au charme de la petite ville et grâce à une programmation intéressante, le festival a vite trouvé son public et attire aujourd'hui des mélomanes de toute l'Allemagne. En effet, chaque année, on choisit un thème ou un personnage qui est exploré à travers des concerts, des conférences, des expositions et des masterclass. Cette fois, Bad Urach célèbre le 200e anniversaire du poète allemand Eduard Mörike (1804-1875), fils de la région, dont les poèmes ont été mis en musique par les plus grands compositeurs, de Robert Schumann à Hugo Wolf.

Parmi les contemporains de Mörike, se trouvent et Wilhelm Müller, dont le chef-d'oeuvre, le Voyage d'hiver, a trouvé une place dans le programme de l'édition 2004. Ce cheval de bataille du fondateur Hermann Prey a été confié cette année au jeune ténor munichois et au pianiste , éminent spécialiste de l'accompagnement et du lied.

Révélé en France, il y a deux ans, dans Mignon à Toulouse, a été salué unanimement par la critique et le public lors de son début à la Bastille en mars dernier, dans le rôle de Cassio dans Otello. A Bad Urach aussi, s'est confirmé comme l'un des plus grands talents du moment. Il possède une voix charnue, chaude et ronde ; son émission est facile et homogène sur toute l'étendue. Il est capable de Mille nuances, convainc avec de superbes piani et demi-teintes, mais également avec d'impressionants aigus lumineux. Mais surtout, le jeune chanteur nous a supris avec une interprétation d'une rare maturité. La douleur et la colère, l'amour et l'espoir, la résignation et le désespoir : Jonas Kaufmann a su exprimer tout l'éventail des sentiments éprouvés, tour à tour, par ce jeune homme, abandonné par sa bien-aimée. Pour cela, il a trouvé un équilibre parfait entre texte et musique. Jamais il n'a priviligié l'articulation, pourtant claire et nette, au legato, à la ligne vocale. S'il interprète soigneusement les paroles, il joue autant avec les couleurs de la voix.

De surcroît, Kaufmann avait trouvé un partenaire idéal en la personne de , qui, à chaque moment, respire avec le chanteur, et dont le jeu varié et nuancé harmonise parfaitement avec la prestation vocale du ténor bavarois.

Un récital mémorable donc – à peine perturbé par une interruption involontaire, due au malaise d'un membre du public en plein milieu du cycle.

Crédit photographique : © DR

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