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Commémoration du dernier concert donné à Paris par Frédéric Chopin

Théâtre du Conservatoire National d'Art Dramatique

Dans la ravissante salle du conservatoire où fut créée en 1830 la Symphonie fantastique de Berlioz, où est née en 1828 sous l'impulsion de Habeneck la Société des Concerts du conservatoire, ancêtre de l'Orchestre de Paris, et où Chopin a joué à plusieurs reprises, la Société Chopin a eu l'idée de reconstituer à partir du programme original, le dernier concert donné par Chopin en février 1848 dans les salons Pleyel. Le piano était un Pleyel de 1836 dont on peut croire qu'il restituait l'atmosphère sonore de l'époque. Mais il est permis de penser que la révolution du Steinway a eu du bon. La sonorité très métallique et sèche du Pleyel n'est pas très propice aux élans romantiques malgré le talent de dont le jeu, la clarté de l'expression, le sens du phrasé et l'élégance de l'interprétation ont fait merveille tant pour les œuvres de Chopin que pour le délicat trio de Mozart que Chopin adorait tant et où le violon d' et le violoncelle d' ont été lumineux. Tous les trois entraient dans la profondeur de l'âme du compositeur. Lors de ce concert historique de 1848, le pianiste Charles Hallé écrit : « Chopin joua la dernière partie de sa Barcarolle, à partir de l'endroit où elle demande le plus d'énergie, d'une manière radicalement opposée à la dynamique imprimée, pianissimo, mais avec des nuances si merveilleuses qu'on pouvait se demander si cette nouvelle version n'était pas préférable à celle dont on a l'habitude. Nul autre que Chopin ne pouvait accomplir pareil exploit ». qui a fait ses études musicales au C. N. S. M. de Paris avec un 1er Prix de piano à l'unanimité, un 1er Prix de musique de chambre et le Prix de l'accompagnement vocal a su trouver le ton, entrer dans le texte sans emphase et faire chanter ce Pleyel historique magnifiquement protégé et entretenu. Les Trois mouvements de la Sonate pour violoncelle et piano en sol mineur op. 65 ont été un enchantement tant l'accord entre les deux instrumentistes était parfait d'équilibre, d'élégance, de précision et d'humanité. L'excellentissime fait sonner son Goffredo Cappa de 1697 avec une émotion et une finesse qui touchent au cœur.

Si la partie instrumentale est fidèle au programme de 1848, la partie chantée de ce concert suit plutôt les évènements lyriques de l'époque. Meyerbeer est le maître du « Grand Opéra » et Robert le Diable créé en 1831 est un immense succès. Chopin est subjugué. Il écrit le Grand duo concertant pour piano et violoncelle sur des thèmes de Robert le Diable. Il admire Rossini, Bellini, s'intéresse à Donizetti. Le lyrisme de Bellini influence l'Andante spianato op. 22, les deux Nocturnes op. 27 et la VIIe Etude de l'opus 25.

A l'inverse des Sei ariette da camera de Bellini, les Pièces vocales pour soprano et ténor de Meyerbeer et de Donizetti ne sont pas d'une importance belcantiste capitale mais elles sont un bon reflet du style de l'époque. Pianiste attitré du grand José Van Dam, a su accompagner avec beaucoup de subtilité le chant de la jeune soprano (quelque peu brutale parfois dans les aigus) et du ténor Tomasz Kuk. Si les voix étaient posées, solides, on regrettera une absence de compréhension dans l'articulation des textes et un timbre bien discret. Il manquait ce petit éclat lumineux qui fait que tout à coup les cœurs et les âmes vibrent, les esprits s'envolent vers des horizons infinis.

Tableau de Eugène Delacroix, (1838). Crédit photographique : © Le Louvre

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