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Emmanuelle Bertrand, Violoncelle post-romantique

Les deux jeunes artistes français de cette nouvelle livraison Harmonia Mundi ont manifestement le vent en poupe. Et ce n'est que justice! , violoncelliste talentueuse et d'une grande sensibilité fait preuve une nouvelle fois (on se souvient de sa remarquable interprétation des trois suites pour violoncelle seul d'Ernest Bloch) d'une intime compréhension des œuvres abordées. Elle joue en compagnie de son partenaire dans le civil comme au concert, le pianiste dont le jeu délicat et précis met parfaitement en valeur les parties de piano.

La renommée de repose principalement, on le sait, sur ses poèmes symphoniques et ses opéras. Ce serait aller un peu vite en besogne que d'omettre totalement ses autres créations dont cette agréable Sonate pour violoncelle et piano, composée à l'âge de dix-neuf ans. Cet opus 6 témoigne de la précocité et de la maîtrise d'un jeune homme doué qui ne cache nullement les influences subies. D'emblée cette pièce connut le succès public grâce à son équilibre, sa grâce, son aisance et également à un subtil équilibre entre le respect de la tradition et certains traits annonciateurs de l'avenir (dans le premier mouvement allegro con brio notamment). Ses références ont pour nom Schumann et surtout Mendelssohn comme l'indique en particulier le troisième et dernier mouvement, allegro vivo. La partie centrale, un andante ma non troppo, simple et mélancolique, est une « romance sans paroles » apaisée. a noué des relations amicales avec mais sa trajectoire fut nettement différente. Moins médiatique, moins bon gestionnaire de sa carrière que ne le fut le compositeur munichois, moins conciliant et moins charmeur également, ses relations avec le public et la critique s'avérèrent parfois plus conflictuelles. Son admiration sans bornes pour les trois « B » (Bach, Beethoven, Brahms) lui valut de sévères et négatives remarques pour cause d'imitation ou de défiguration. Mais au-delà de ces jugements à courtes vues, Reger élabora un corpus fort intéressant et aujourd'hui encore trop méconnu. La Sonate pour violoncelle et piano de 1906 ne verra le jour que presque dix ans après son élaboration et ne reçut qu'un accueil mitigé. La musique de Reger semble davantage audacieuse bien que très mélodique et parfois inventive, tour à tour vigoureuse (agitato initial), virtuose (prestissimo assai), intériorisée (Intermezzo) et enfin contrastée (allegro con grazia conclusif). En complément de programme deux Romances, offrant globalement les mêmes caractéristiques que les œuvres de consistance précédentes.

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