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Thomas Hampson : Very, very best of …

Comme la plupart des majors du disque, EMI compile les enregistrements de ses fonds de tiroir pour sortir toute une kyrielle d'anthologies. Le chant lyrique est en l'occurrence à l'affiche pour la récente cuvée de compilations à relatif petit prix de janvier 2005.

Une pléiade de chanteurs et chanteuses confirmés est ainsi mise en avant, parfois plusieurs décennies après leur disparition des scènes mondiales. De cette série de coffrets de doubles CD ressort peut-être plus particulièrement celui qui est consacré à , l'un des barytons les plus en vue de la scène internationale depuis de nombreuses années maintenant. Le quinquagénaire américain, qui a étudié – notamment – auprès de Mme Schwarzkopf, et remporte le Prix Lotte Lehmann en 1979 et prend la première place aux auditions du Metropolitan Opera deux ans plus tard. Remarqué en Guglielmo dans Così fan tutte à St Louis en 1982, il est membre de la troupe de l'Opéra de Zurich de 1984 à 1989 où il chante Lescaut, Marcello (La Bohème), Don Giovanni et le Figaro de Rossini. L'étendue de la carrière qui s'ensuivit aux quatre coins du monde atteste à elle seule de l'envergure de ce très grand artiste.

Le double-album que présente EMI s'ouvre sur l'un des plus retentissants succès de à l'opéra. « La ran la lera… Largo al factotum », moment jubilatoire du Barbier de Séville. Porté par la vivifiante baguette de Sir Roger Norrington, Hampson livre une version tonique et virtuose que de longs applaudissements saluent à son terme. EMI a bien sûr laissé un long extrait de cette manifestation d'enthousiasme public comme pour mieux rallier l'auditeur à l'euphorie communicative de en prélude à la compilation sortie. Etait-ce vraiment nécessaire ? Douterait-on aujourd'hui de la magnificence ou de la science de l'Américain ? Celles-ci s'expriment d'une façon tout aussi probante bien que moins extérieure dans les extraits d'opéras romantiques français qui suivent. La technique et la plastique du baryton servent un français impeccable dans Gounod, Massenet ou Bizet. Chez Verdi, sa largeur et son autorité font mouche de toutes les plus périlleuses exigences vocales. « The voice », certes, mais « The interpret » as well ! Son air de Germont Père « Di Provenza il mar », tiré de la Traviata, est parcouru par la démagogie et la ferveur paternaliste du beau-père de Violetta.

Les aigus aisés de Hampson se mettent aussi au service du lied allemand, dont quelques-unes des plus belles pages sont consignées sur le deuxième disque du coffret, après une Romance de l'étoile de Tannhäuser, un extrait d'Euryanthe de Weber et de Die tote Stadt de Korngold. A noter tout particulièrement les deux lieder du Voyage d'hiver qu'accompagne un Wolfgang Sawallisch très inspiré. Les quelques mélodies issues des Dichterliebe de Schumann baignent pour leur part dans une captation sur le vif un peu frustre et qui ne rend pas pleinement justice à la rondeur du timbre de Hampson, ni aux nuances dont il est capable en sa qualité d'interprète hors pair. Cette menue réserve ne devrait pourtant pas entamer le plaisir que procure l'écoute en continu du reste du disque, et notamment des quelques Rückert-Lieder de Mahler chantés avec une rare intériorité. Le Chant de la Terre proposé il y a quelques années chez EMI par Sir Simon Rattle y est aussi évoqué dans la foulée desdits extraits, par le truchement d'un des courts lieder médians de cette « symphonie de Lieder », comme il sied à certains de la désigner. Von der Schönheit scintille avec la délicatesse mise en œuvre par le baryton comme par le titulaire du Philharmonique de Berlin, capable ici de colorations orchestrales qui s'apposent comme de petites touches pointillistes.

La souplesse de l'instrument vocal du chanteur permet encore de bons moments d'opérette pour les amateurs de La Veuve joyeuse, du Baron tzigane ou des fantaisies pétillantes de Kálmán. Last but not Least, ce Hampson Greatest Hits volume, si tant est que l'on peut railler de la sorte le titre exclusivement anglophone donné à cette parution par EMI, se clôt sur des pages de Foster, Griffes et Cadman comme pour rappeler l'origine américaine du chanteur, à l'aise dans tous les registres et prodigieux d'éclectisme.

Si les gravures sont un réel bonheur, on restera un peu sur sa faim à la lecture du texte d'accompagnement des œuvres enregistrées. Un texte qui ne dépasse pas souvent la morne énumération de ce que chacun peut lire par lui-même au verso du disque ou dans les détails paraphant chaque plage.

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