- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Lise de la Salle et l’équilibre « Bach Liszt »

avait quatorze ans lorsqu'elle enregistra sous le label Naïve un premier disque consacré à des œuvres pour piano de Rachmaninov et Ravel. Passé l'étonnement d'apprendre qu'une si jeune pianiste pouvait déjà graver au disque des œuvres qui requièrent une pleine maturité artistique et technique, le public et la critique ont, à l'époque, unanimement salué la performance.

Ne nous égarons pas toutefois, la pianiste cherbourgeoise ne peut être rangée dans la catégorie des petits génies ou des singes savants. Son jeune âge est vite oublié à l'écoute d'un jeu brillant où la maturité technique s'associe à une créativité évidente. D'ailleurs, la première rencontre entre le mélomane et l'artiste, que ce soit au concert ou au disque, génère souvent comme une stupeur admirative suivie d'une reconnaissance attentive et silencieuse.

Avec tant d'éloges il n'était pas facile de revenir, seulement deux ans plus tard, dans un programme non moins périlleux et de proposer un nouvel enregistrement construit autour d'œuvres de Bach et Liszt avec des transcriptions de Busoni et de Liszt d'œuvres du « Cantor de Leipzig ». Ce programme, la pianiste le connaît bien car elle l'a déjà donné plusieurs fois en concert. Nous étions présents lorsqu'elle le présentait à Paris dans le cadre du festival des Serres d'Auteuil le 10 septembre 2004 (lire l'article). Ce concert était aussi l'occasion de la création de la Passacaille op. 29 de la jeune compositrice française Florentine Mulsant malheureusement absente du disque. choisit donc ici de reproduire la plupart des œuvres du concert en y adjoignant la Toccata enmajeur BWV 912 et les Sonetto 104 del Pretrarca (Années de pèlerinage, II : Italie) et La lugubre gondola (The funeral gondola N°1 s 200) de Liszt. L'impression ressentie est de nouveau magique. Manuel Brug, chroniqueur musical du Die Welt (Berlin) et auteur de la notice, résume d'une très belle manière le choix judicieux qui a été fait : « L'équilibre est encore ce qui semble caractériser le programme de ce deuxième CD de  : Bach et Liszt, la linéarité protestante et l'ardeur catholique, l'architecture abstraite et la subjectivité triomphante, le baroque et le romantisme tardif, le cristal et la braise … ». Outre la richesse et l'équilibre du programme, la pianiste n'a rien perdu de sa technique et a acquis une plus grande maturité artistique. Elle donne sa propre vision de l'interprétation tout en distillant le brillant et sachant créer une atmosphère qui éveille les sens et excite l'imagination.

(Visited 701 times, 1 visits today)