- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Janus bicéphale…

Réunir sur un même disque les deux symphonies les plus révélatrices de Chostakovitch révèle également en l'occurrence la double face du travail de , sa part d'ombre et son réel talent.

La symphonie n°1 de datée des années 1920 a tourné une page de l'histoire de la musique. Symphonie resserrée, audacieuse dans sa forme, ironique et grinçante sur le fond, elle est encore aujourd'hui l'une des plus personnelles du compositeur. Sa haute technicité réclame un orchestre de virtuoses à l'esprit résolument chambriste. La nature analytique de Masur y trouve largement son compte. Précis, allusif, cursif à souhait, le geste du chef silésien est en osmose avec cette œuvre novatrice. réussit un bel équilibre, ménage des tempi vifs, étage les plans sonores. Il n'en est pas de même de la cinquième symphonie du maître russe. Œuvre de complaisance peut-être, produit inconscient d'un goulag mental, l'exégèse musicologique est encore divisée sur la valeur musicale de cette pièce. Le public, lui, a plébiscité depuis longtemps cette symphonie au « pathos » souverain dont la pâte sonore volontiers sirupeuse laisse l'interprète mettre en avant sa propre personnalité. André Previn et Léonard Bernstein ont laissé des gravures inoubliables dans cette optique, tandis que les options plus objectives signées Haitink ou Mvravisnky défient bien mieux le temps.

Masur est moins à son aise dans cette œuvre, lui qui aime fignoler, analyser, chercher dans les moindres détails les secrets d'une écriture. Trop de narcissisme apparent pour ce vieux musicien dans cette œuvre qu'il doit peut être juger trop vulgaire.

Faut-il préciser que le défend sa position de meilleure phalange britannique ? Captées en « live » et dans d'excellentes conditions sonores, ces symphonies éditées par le LPO sous son label témoignent de l'immense vitalité de , sur le point de devenir le « nouveau dernier » monstre sacré.

(Visited 143 times, 1 visits today)