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Abondance de bien à Klangbogen à Vienne

L'été musical autrichien ce n'est pas seulement Salzbourg, Innsbruck, Bregenz et Graz, c'est aussi Klangbogen à Vienne. Ce festival a le grand mérite d'animer une saison estivale dans la capitale alors que les grandes institutions sont soit fermées, soit en résidence dans de prestigieuses manifestations.

L'affiche de Klangbogen se hisse au niveau des grands festivals internationaux (Placido Domingo, , Zubin Metha) alors que l'événement offre une large place aux œuvres peu connues jouées dans des salles historiques comme le Theater an der Wien ou le Palais Lobkowitz. À la différence de la France, l'opérette est encore à l'affiche des salles d'Autriche et elle rencontre un grand succès public à l'instar du festival de Mörbisch, le «Bayreuth» de Franz Léhar, qui peut se vanter de 250. 000 entrées chaque année!

L'édition 2005 de Klangbogen nous présente une nouvelle production de Der Graf von Luxemburg du roi de l'opérette. Cette œuvre est envisagée comme une suite à la Veuve Joyeuse et elle nous raconte les aventures de René von Luxemburg, aristocrate désargenté et noceur qui vit au crochet de ses amis artistes. Sa vie bascule, le jour où un noble russe, le consul Basolowitsch-Kokosov, lui offre un marché. Il reçoit un demi-million s'il accepte d'épouser une jeune chanteuse dont le bellâtre slave sur le retour est éperdument amoureux. Mais l'étiquette rigide de la cour du Tsar lui interdit de convoler avec une roturière. D'où cette idée de faire de sa dulcinée une «Luxemburg» afin de l'épouser ensuite. Forcément, le plan ne se déroule pas si bien que prévu car René tombe amoureux, sans le savoir, de sa femme et une ancienne maîtresse du consul fait une bruyante apparition…Le festival viennois a mis les petits plats dans les grands pour offrir la meilleure distribution possible. Bo Skovus, grand connaisseur de Léhar depuis sa participation à différentes productions d'opérettes et à un enregistrement de La Veuve Joyeuse avec Gardiner (DGG), fait un malheur en René : le timbre est éclatant, la technique hors pair et la musicalité idéale. Son épouse, Angèle, est interprétée par Julianne Banse. Cette excellente chanteuse et fine musicienne est malheureusement handicapée par son cruel manque de charisme. L'expérimenté Vokler Vogel, réputé pour ses interprétations de Mozart de Britten, compose un Consul exceptionnel de comique. Sa maîtresse est jouée par l'Autrichienne Eva Maria Marold une spécialiste de la comédie musicale. Possédée par son personnage de mégère hystérique et lubrique, elle fait tordre de rire le public. Le reste de la distribution est soigné, signalons les excellentes prestations du jeune Thomas Ebenstein en Armand et de la charmante Gabriela Bone en Julie. Le Chœur du festival fait belle impression dans les nombreuses scènes d'ensemble. Présent pour seulement deux représentations, Placido Domingo, l'icône chérie du public viennois, laisse couler la musique et se montre attentif aux chanteurs. La mise en scène de Michael Schottenberg est une grande réussite. Le nouveau directeur des Wiener Volkstheaters sait animer les scènes de groupe avec un talent confondant tout en veillant à amuser le public avec des gags hilarants qui ne sombrent jamais dans le vulgaire. Il est aidé par un décor multiple et efficace de son compère Hans Kudlich.

Crédit photographique : © Armin Bardel

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