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Une flamme vacillante

Festival de Wallonie

Consacré à Haendel, ce concert produit par le Festival de Wallonie en Brabant Wallon, permettait à et à son ensemble de se produire dans un édifice magnifique, la Collégiale de Nivelles, chef-d'œuvre de l'art roman en Belgique.

Le Concerto grosso op. 6 n°10 est une œuvre au climat sombre, dont les cordes du , concentrées et vigoureuses, rendent bien la solennité un peu sévère. On regrettera juste des violons à la sonorité assez clairette, mais le premier d'entre eux, Luis Otavio Santos, au jeu fougueux et élégant, est tout à fait digne d'éloges. Seule infidélité de la soirée à Haendel avecFrena le belle lagrime de Abel, un bel air contemplatif tiré de Sifari, un pasticcio composé par Abel, Galuppi et Jean Chrétien Bach. Virtuose de la viole de gambe, Abel a confié à son instrument de prédilection un important rôle de soliste dans cet air, et c'est avec plaisir qu'on entend les tendres sonorités de la viole de accompagner le chant de la soprano. La prestation de est malheureusement assez problématique, elle aborde cet air d'Abel avec une timidité expressive qui frôle l'atonie, la voix est peu projetée, le timbre, vaporeux, manque de définition et de substance, et les phrasés sont ampoulés. Chanteuse au tempérament placide, elle réussit ensuite à forcer sa nature, et la voix mieux chauffée, elle est beaucoup plus convaincante dans Armida Abandonnata. On est encore un peu gêné par une ligne de chant manquant de fermeté et par une vocalisation assez laborieuse, mais, plus impliquée et même véhémente dans l‘accompagnato furioso, elle lance quelques aigus très purs, quelques notes tenues du plus bel effet, et on profite enfin du velours de son timbre.

Le concert reprend après la pause par le Concerto pour harpe op. 4 n°6, une œuvre composée par Haendel comme interlude à son oratorio Alexander's feast, qu'il transcrira plus tard pour orgue. C'est une musique rafraîchissante et gracieuse mais dont la simplicité apparente cache de redoutables difficultés pour la soliste. La harpiste Giovanna Pessi joue sa partie avec beaucoup de délicatesse et d'élégance, on la sent parfois au bord de l'accident dans les passages les plus virtuoses. Dernière œuvre au programme, la cantate Tra le fiamme, qui donnait son titre au concert, affirme les qualités de  : cantabile subtil et enjôleur dans l'air Tra le fiamme tu scherzi per giocco, vocalises véloces et précises dans Voli per l'aria chi puo volare, mais confirme aussi certains de ses défauts dans l'air intermédiaire Pien di nuove e bel diletto : une justesse assez précaire, une diction molle et de fréquents détimbrages dans les aigus.

Il est dommage que n'ait pas été tout à fait à la hauteur de l'enjeu de ces cantates, car le , virtuose et engagé, inspirateur autant qu'accompagnateur, aurait mérité que la soprano s'engage plus à fond dans ces œuvres qui devraient briller d'un feu plus ardent.

Crédit photographique : © DR

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