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Boulez tel qu’en lui-même

Wiener Philharmoniker

Fidèle à ses habitudes, a dépoussiéré deux partitions facilement « chargées » pour en retrouver les impulsions primitives. « Préparez-vous à l'office brucknérien » clamait la rumeur dans les allées du Festspielhaus avant le concert. Le choc allait être de taille pour ceux qui ignoraient que le grand chef français ne s'inscrit que très rarement dans la tradition romantique. Son interprétation de la Symphonie n°7 de Bruckner est de fait rapide, aérée, aux antipodes des canons mystiques d'un Furtwängler ou des excès hédonistes de Karajan. L'introduction de l'œuvre gagnait ainsi en lisibilité ce qu'elle perdait en mystère. Le Wiener Philharmoniker reste inimitable de sonorité dans cette page célébrissime dont Boulez respecte malgré tout la solennité. La machine s'emballe ensuite, Boulez accélère, allège, affine le trait et fait ainsi de la symphonie une page avant-gardiste dont le centre de gravité n'est plus le fameux mouvement lent, mais plutôt le Scherzo pris dans un tempo irrésistible.

Le Wiener Philharmoniker de toute évidence et malgré la longue collaboration avec le chef n'est pas tout à fait au diapason du chef et plus d'un décalage apparaissait au final. Etonnant et peu justifiable à ce niveau de qualité ! L'impression d'ensemble de la symphonie donnait le sentiment d'avoir vécu une nouvelle naissance de l'œuvre, naissance incomplète et inaboutie au demeurant mais chargée d'une grande volonté de rendre à Bruckner ses pulsions créatrices initiales.

En lever de rideau, Boulez et les Wiener s'étaient adonnés aux joies de la nuit transfigurée de Schönberg paradoxalement empreinte de lyrisme, comme si cette page suave ne nécessitait aucun traitement « boulézien » majeur. On s'abandonna aux volutes de l'harmonie, on jouit des cordes de Vienne au premier degré.

Crédit photographique : © Harald Hoffmann

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