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Sonates pour piano de CPE Bach

, le deuxième fils de Jean-Sébastien Bach et de Maria Barbara, surnommé « le Bach de Berlin et de Hambourg », élève de son père à la Thomasschule de Leipzig, étudia le droit, devint claveciniste et se retrouva musicien de la chambre du roi de Prusse, Frédéric le Grand, en 1740. Auteur d'un texte fondamental pour la connaissance de la musique du XVIIIe siècle intitulé Essai sur la véritable manière de jouer des instruments à clavier, il succède à son parrain Telemann comme directeur de la musique à Hambourg de 1768 à sa mort. Sa musique reçut une large reconnaissance de son vivant et il eut l'honneur d'être édité. Sa réputation fut grande. Il écrivit une musique galante (l'équivalent du style rococo français) qu'il mit au service de la forme sonate. Son style pianistique se verra affublé du qualificatif de Empfindsamkeit (expressivité intime), esthétique opposée au rationalisme des Lumières (Aufklärung). Son abondant catalogue contient un certain nombre de pièces de musique de chambre dont ces sonates pour violon et clavier qu'il affectionnait particulièrement. Rappelons que si ce Bach connaissait et aimait le clavicorde et le clavecin, c'est le pianoforte qui finit par emporter tous ses suffrages.

Les sonates retenues affichent leur réelle originalité, leur délicate structure, leur force aussi et leur saveur indéniablement pré-romantique. Trois d'entre elles datent de 1763 et sont destinées à être jouées pour le plus grand plaisir du roi Frédéric II, grand amateur et protecteur de la littérature, de l'opéra et de la musique instrumentale. Cette volonté de plaire ne musèle pas sa volonté de s'affranchir des modèles anciens.

La violoniste Amandine Beyer et la pianiste , deux charmantes musiciennes totalement engagées dans leur projet, unissent leur talent et leur sensibilité au service de cette musique et nous offrent une interprétation à la fois sous contrôle et spontanée, claire et charnue, raffinée mais non sophistiquée. L'attention portée aux couleurs instrumentales, le soulignement des contrastes et une fine lecture achèvent de conférer à ces pièces une saveur expressive particulièrement attachante. Leur vision de ces textes souligne l'approche de la future esthétique classique et pré-romantique par le biais de la grande modernité du compositeur. Une authentique illustration au service de celui qui proclamait sans doute à bon escient : « Un musicien ne peut émouvoir que s'il est ému lui-même ».

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