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Hans-Jörg Mammel est Orfeo

Il y a longtemps que le Théâtre de Namur n'avait plus accueilli d'opéra, et pour le retour de l'art lyrique dans la capitale wallonne, quoi de plus symbolique que d'avoir choisi l'Orfeo, opéra des origines, mis en œuvre par deux des principales forces vives de la vie musicale namuroise : le , et l', menés par .

Ce concert unique a suscité un fort engouement à Namur, de sorte que pour satisfaire toutes les demandes de places, on a ouvert la répétition générale au public l'après-midi du concert. Pour des raisons budgétaires, c'est une version de concert qui a été choisie, sans que la compréhension soit gênée, car en plus d'un appareillage de surtitres mis en place pour l'occasion, la mise en espace, intelligemment réglée par , respectait scrupuleusement les indications du livret. Ce fut donc un concert qui ne manqua pas de « théâtralité », exploitant habilement les possibilités offertes par les loges placées sur les côtés de la scène, le tout dans une lumière subtilement réglée pour évoquer les changements de lieu.

Musicalement, les satisfactions sont nombreuses, à commencer par un ensemble orchestral La Fenice virtuose, généreux en couleurs, en accents inédits, en timbres subtils. Donnant galbe et souplesse aux phrasés de son ensemble, ose des changements de tempo vertigineux, et fait preuve d'une virtuosité ébouriffante lorsqu'il embouche son cornet ou sa flûte à bec. Autre motif de satisfaction de ce concert, l'extraordinaire Hans-Jörg Mammel, éblouissant dans le rôle-titre, par sa classe vocale, la rondeur d'un timbre plein, à la fois chaud et clair, des aigus rayonnants et un grave profond et sûr. L'émission est franche, et le ténor se jette dans son rôle avec ardeur et générosité, affrontant sans faiblir les difficultés de la partition, dont un Possente spirto anthologique, admirablement soutenu par l'orchestre ; Seule petite réserve à l'endroit de ce splendide Orfeo, son italien est celui d'un allemand, et malgré ses efforts, on le sent encore un peu rugueux.

C'est le , admirable de cohésion, de souplesse rythmique et de clarté des timbres, qui fournit tous les solistes de ce concert. Performance remarquable, car chacun tient sa partie avec probité, et s'il y eut certaines faiblesses (Musica, Speranza, certains bergers), plusieurs interventions sont à tirer du lot : le Caronte teigneux de Philippe Favette, l'Apollo très en voix de Benoît Giaux, le très beau pasteur de , qui jouait en plus du théorbe, et surtout la Messagiera écorchée, brûlante de douleur d'. Le public namurois eut donc le plaisir d'entendre un concert de haute tenue, qui mériterait certainement d'être enregistré, pour préserver les mémorables prestations de l'orchestre et de Hans-Jörg Mammel.

Crédit photographique : © DR

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