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Bel et bien de la musique

Why note ? Version 2005

« C'est pas de la musique » entend-on régulièrement en marge de la musique contemporaine. Nous étions ce soir à la limite de la musique. Celle de son commencement ? Commencement historique peut-être pas exactement, mais bien sur cette ligne floue où la parole parfois se perd et la musique commence. Le brouhaha des conversations, la parole qui si souvent nous échappe (dans sa forme, dans son rythme… et dans sonharmonie !) La parole est déjà de la musique : La preuve par . Dommage que le propos, délibérément répétitif, n'ait pas été plus concis. La gêne provenait de la tentation d'un « ça va, on a compris ». Alors qu'après tout, il s'agissait de thèmes, développements et variations, reprises façon da capo… Des interprètes dans ce genre de circonstances osent des coupes ; les musiciens futurs oseront-ils des coupes dans cette œuvre d' ?

Rapide changement de salle, et retour à la musique. Immense sensation de bien-être quand celle-ci enfin se déroule, entière et complète, évidente et solide, sûre d'elle-même. Du Mozart, du Bach ? Non, du  ! Pop-Art, pour flûte, clarinette et cordes. Séduisant en diable, très coloré y compris au moyen d'un détournement de l'usage conventionnel des instruments, énergique, ludique mais pas gratuit (lire la chronique de l'enregistrement de cette œuvre par notre collaborateur ). Loops 2, de , pour vibraphone seul, sera ce soir un peu frustrant. Peut-être d'abord pour l'œil, privé d'image par les volumineuses partitions qui cachent la table. Au concert, on aime voir ce qui intrigue l'oreille. Une oreille qui reste ici moins fascinée par un Franck Tortillier, improvisateur paradoxalement plus narratif, plus discursif, plus contrasté, plus colorisateur (récemment entendu à Jazz à Cluny).

D'un rêve parti, pour flûtes, clarinettes, piano et cordes, de Mantovani, est une pièce splendide, sombre et tendue. Six musiciens tour à tour chambristes et quasi grand-orchestre. Une musique tout près de l'absolu : quand l'auditeur est tout simplement porté sur une vague, à la fois en toute confiance et délicieusement inquiet. On avait déjà remarqué dans les pièces précédentes le magnifique pianiste. Ecouter Le Courlis Cendré, pour piano, de Messiaen, hors de son Catalogue d'Oiseaux est un peu déstabilisant. La durée manque pour s'immerger dans ce contexte-là? On décide qu'en sortant de la salle, on ira faire une petite promenade sur les quais de la Saône toute proche. Lesquels font face à une grande prairie alluviale. Qui accueille, on le sait de souvenirs d'enfance, des courlis cendrés. Oui, promenade nocturne saugrenue… (d'autant que les courlis sont peut-être loin en cette saison, ainsi que nous le rappellerait , compositeur et ornithologue, également au programme de ce Why Note). Une façon sympathique de saluer votre musique, de la prolonger par là où vous l'avez initiée, Monsieur Messiaen, n'est ce pas ?

Nous sommes ramenés en esprit dans la salle par Le Zapping, pour vibraphones et ensemble de Markeas, dessert ludique et enchanteur. Et captivant. Cette fois, on voit bien les lames du vibraphone ! Des images pré-filmées sont projetées en fond de scène, en même temps que la bande pré-enregistrée sur laquelle jouent les musiciens sur scène, vibraphoniste compris. Superpositions donc, du son et des images, images parfois ralenties, ou fixées. On aime chercher à en comprendre les logiques, au risque d'en oublier la musique pourtant bien présente. Musique qui s'impose néanmoins, comme parfois au cinéma.

Les musiciens et compositeurs saluent des Sud-Bourguignons absents en nombre ce soir, qui auront néanmoins l'occasion de rattraper leur oubli de cet excellent au printemps prochain : retour le 12 mars 2006, même endroit.

Ne les manquez pas une nouvelle fois, s'il vous plait ! www.whynote.com

Crédit photographique : www.tmplus.org

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