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Un bien bel anniversaire avec Antoine Tamestit

Festival « Il est né le divin Mozart »

Il est certains concerts qui vous laissent quelque peu mélancoliques, conscients d'avoir vécu une expérience musicale exceptionnelle, expérience qui ne sera pas égalée avant longtemps. Le concert donné par l'Orchestre Philharmonique de Liège ce vendredi comptait parmi ces soirées. Le festival s'était ouvert avec des concerts d'une grande qualité, mais la performance livrée par Langrée et ses troupes lors de ce concert anniversaire fut réellement grandiose.

L'ouverture de La clémence de Titus présente des similarités avec celle de La flûte enchantée, de par les tonalités d'ut majeur et de mi bémol majeur, liées à l'univers de la Franc-maçonnerie, mais encore par les accords sonores de l'orchestre par lesquels commencent ces deux pièces. Langrée privilégie à nouveau une direction nerveuse mais soignée. L'orchestre avance sans faux-pas à travers ces quelques pages où dialoguent la noirceur des premiers accords et toute la chaleur et l'onctuosité du second thème développé par le pupitre des flûtes. La partition, riche en rythmes syncopés, aura bien tenté d'ébranler la cohésion des premiers violons, mais l'O. P. L. tiendra bon et le final sera éblouissant.

Mozart avait touts les atouts pour réussir sa symphonie concertante pour alto, violon et orchestre. Non seulement il était à l'aise avec les deux instruments, mais il s'était déjà exercé à ce genre musical, à Mannheim et Paris, où il était beaucoup pratiqué. Ce vendredi, Langrée avait lui aussi toutes les cartes en main pour nous offrir un grand moment : au violon, , musicien confirmé, à la discographie bien fournie, principalement chez EMI. La partition d'alto était assurée par , musicien certes moins célèbre, mais dont le talent n'aura pas tardé à convaincre le public liégeois, venu une nouvelle fois nombreux. Zimmermann, l'archet magistral, sculpte une matière musicale brillante et aux angles saillants, auxquels Tamestit apporte toute la chaleur du timbre de son instrument. C'est une véritable complémentarité qui fait la force de ce travail. Chaque musicien affirme une personnalité marquée, renforcée par les caractéristiques de leurs instruments respectifs. Le dialogue fonctionne, l'émotion gagne l'audience. Ce qui frappe le spectateur chez ces deux artistes, c'est le peu de communication échangée entres eux. Mais un regard suffit pour qu'ils s'entendent et laissent s'évanouir un point d'orgue. Tout se fait naturellement dans une poignante perfection. Tandis que les virtuoses séduisent le public, Langrée leur offre un accompagnement toujours soigné et attentif. La performance achevée, la salle réservera une telle ovation aux maîtres d'œuvres que Langrée choisira de redonner le second mouvement en bis. Un bien beau cadeau en ce jour d'anniversaire!

La seconde partie du concert portait au pupitre la symphonie n°36 « Linz ». Ecrite en quelques jours, le temps d'un voyage entre Salzbourg et Vienne, l'œuvre a parfois tendance à s'enliser dans une théâtralité exacerbée, piège dans lequel Langrée plonge malheureusement rapidement. Ainsi, les mouvements I et IV seront-ils marqués par un orchestre jouant souvent trop fort, négligeant la balance élémentaire entre voix principales et voix d'accompagnements. Le second mouvement nous rend le Langrée que l'on connaît, généreux et garant de l'homogénéité d'un pupitre de cordes en grande forme. Quant au menuet, on en retiendra son élan plein d'élégance ainsi que, côté orchestre, la belle prestation de la petite harmonie.

Cette parfaite soirée s'est clôturée par l'arrivée sur scène du gâteau dont les bougies seront soufflées par Langrée et ses musiciens. Le festival « Il est né le divin Mozart » aura offert au public liégeois de très grands moments, et confirmé une nouvelle fois, tout le talent de dans le répertoire du maître de Salzbourg.

Crédit photographique : © DR

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