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Fidelio, un triomphe pour Elisabeth Söderström et Anton de Ridder

Quel bonheur de retrouver un Fidelio où Don Pizarro ne ressemble ni à Himmler ni à Staline, où il fait vraiment nuit dans le cachot de Florestan, où les dialogues ne font pas objet d'expérimentations et où l'on accepte à la fois le caractère Singspiel du début de l'opéra et la grande utopie de liberté de la scène finale.

La direction des acteurs, signée , n'est peut-être pas aussi fouillée que dans certaines productions actuelles, mais les chanteurs sont toujours crédibles et jouent leur rôle avec naturel et conviction. S'ajoutent des décors et des costumes beaux à regarder (et oui!) et une réalisation télévisée (BBC 1979) assez calme et légèrement désuète, qui pourtant ne démérite pas.

La direction de au pupitre d'un un peu routinier laisse une impression mitigée. Energique et vibrante dans les moments de tension dramatique (mais parfois à la limite poussif), on cherche en vain la magie lyrique du quatuor ou celle du chœur des prisonniers.

Parmi les chanteurs dans cette production du festival de Glyndebourne 1979, il ne se trouve qu'un nom de renommée internationale : . Grande interprète des opéras de Mozart, Strauss et Janácek, on ne l'attend pas forcément dans le rôle écrasant de Leonore. Cependant, grâce à une maîtrise parfaite de l'instrument, elle surmonte sans aucun effort visible les nombreuses difficultés que contient cette partition. Mais Söderström ne se contente pas de graves bien appuyés et d'aigus lumineux, elle nous offre également une interprétation nuancée, émouvante et profondément humaine.

Le rôle de Florestan est chanté par , qui fut, pendant de longues années, un des piliers de la scène lyrique de Munich. Avec sa voix rayonnante et son sens des nuances, ce spécialiste des répertoires italien et français ne tire pas cette musique vers Wagner, mais vers Bellini et Donizetti. Et il faut dire que l'on trouve peu de ténors qui triomphent avec une telle facilité de la tessiture inchantable du grand air « Gott, welch'Dunkel hier ».

Le reste de la distribution est d'un niveau plutôt inégal. Alors que (Rocco plus bonhomme que collaborateur) et Elisabeth Gale (Marzelline fraîche et juvénile) nous offrent des prestations convaincantes, ni le Pizarro pâle de Robert Allman ni le Jacquino chevrotant de ni surtout le Ministre sans autorité de Michael Langdon ne sont dignes d'un festival international. Mais rien ne peut gâcher notre plaisir d'écouter Söderström et de Ridder…

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