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Peut mieux faire : Bychkov dirige Chostakovitch

a connu un début de carrière fulgurant. Karajan qui l'avait découvert, le prit sous son aile, osant même le présenter comme son dauphin artistique.

Le vieux chef d'orchestre lui offrit le pupitre de la Philharmonie de Berlin pour des concerts et des disques qui à de rares exceptions (quelques symphonies de ) ne laissèrent pas un très grand souvenir. Après un rapide passage auprès d'orchestres américains secondaires (Grand Rapids et Buffalo), le chef russe, fut nommé directeur musical de l'Orchestre de Paris. Sa décennie à la tête de la formation parisienne fut un long calvaire marqué par une totale mésentente avec les musiciens, des concerts passablement médiocres et des enregistrements aussi fonctionnels qu'inutiles (d'où n'émerge qu'une belle version d'Eugene Onegin de Tchaikovsky). Après cette douloureuse expérience, le musicien posa ses bagages à Cologne où les autorités radiophoniques locales lui offrirent la direction de l'orchestre de la radio de l'Allemagne de l'Ouest (WDR). Une certaine symbiose semble régner entre les musiciens et leur chef ; une série d'enregistrements édités par Avie témoigne du renouveau artistique de ce maestro éternellement francophile.

La phalange rhénane sous la baguette du légendaire Rudolf Barshai est l'auteur d'une intégrale historique des symphonies du compositeur (Brilliant). On retrouve dans cet enregistrement les qualités qui avaient déjà fait mouche : homogénéité, lisibilité et impact des différents pupitres et de l'ensemble, richesse et précision des solistes. Malheureusement, la vision de Bychkov amène quelques réserves. La Symphonie n°8 est une redoutable partition qui nécessite un engagement total des interprètes. Cette musique noire, tendue, angoissante doit exprimer les souffrances du peuple russe pendant la guerre, mais le chef d'orchestre en reste à une lecture narrative, formidablement construite et maîtrisée, mais à laquelle il manque l'énergie et le souffle nécessaires pour porter à incandescence cette partition. Même les passages fortissimo comme l'incroyable transition entre les mouvements trois et quatre apparaissent comme des soufflets creux. Le long premier mouvement est le plus réussi : Bychkov arrive à y poser les fondations de l'édifice sans tomber dans l'ennui. Le massif deuxième mouvement manque d'impact alors que certains traits sont douloureusement soulignés, tandis que le troisième mouvement se fait avare d'ironie. Le final manque lui de cohérence et le chef a bien du mal à unifier tous les passages. Ces défauts sont d'autant plus regrettables que la discographie est d'un niveau sidérant. Le mélomane restera fidèle aux enregistrements de Kirill Kondrashin (Praga), Evgueni Mravinski (BBC Legends), Kurt Sanderling (Berlin Classics), André Previn (DGG) et Rudolf Barshaï.

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